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PRÉFACE AUX RAISINS BLEUS ET GRIS par Léopold Dauphin. Ses poèmes lus et comme on connaît son accointance avec un art, la Musique même, qui tient le vers pour moindre — pas d’hommage, aussi marqué, à la Poésie simple ou éternelle, qu’un, ici, de Léopold Dauphin. Cet ami ne traite la versification en tant que complément à son spécial don mélodique, ainsi que doit l’essayer tout compositeur aujourd’hui et produire une écriture spacieuse, discrète de livret : non, il ferme sur le vol des inspirations frémissantes, d’abord son piano, ou reploie le trop d’aile; et, usant de droits, avec plus de caresse dans le rythme qu’un autre ou la diaprure assortie mieux des timbres, victoire, innée, que nous obtenons après étude, vise directement au chant parlé, tel qu’une intégrité résulte ou poème pur : il dispose, souriant, des accords d’image très exacts et relatifs à l’émotion. Cela, mise à l’écart par goût et momentanée des instruments en faveur du vieux, sommaire et verbal, en atteste la gloire native, brièvement la minute que revivent les états précis et légers de la vie, qui ont besoin, tout bas, d’être compris et, par suite, se soumettent à l’ordinaire parole durable. Notre confrère, seul parmi les joueurs de musique proprement dite, ce ne serait rien — mais, peut-être, apparu au moment que le poëte de tradition interrompt le mode, réglé sur l’âme et devine dès les siècles, pour écouter l’inquiétant éclat des grandes sonorités et songerait d’y conformer le discours — lui, réconforte et charme, je le lui contais récemment, par quelque belle candeur à tendre vers la Muse nue et mère, sa grappe, pleine ou dénouée en tant de jeux : l’intitulant ainsi qu’un autochtone du franc terroir humain rustiquement Raisins bleus couleur d’illusion, du temps et de l’azur, ou gris, ceux-ci je ne les discerne pas.