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douze ans cet épanouissement de bon aloi, qui demeure adorable ? » Les choses ont changé, voilà tout! et rien ne se perd, pas même le rire de l’cnfance... Tout intime dans la famille, avec l’arbre alsacien, qu’il faut accepter sans exclure la bûche bourguignonne, en cumulant les traditions; et extérieur, bruyant, partagé dans mille lieux de réunion où, par une charmante innovation de ce temps, les enfants mettent la joie en commun : certes, le même au fond, quoique différent, régnera toujours Noël, comme toujours triomphera le Nouvel An. Avec moi, vous, les mères, à qui d’ordinaire cette page importante du Journal enseigne les Costumes que revêtiront Yves ou Jeanne pendant une Quinzaine, jetez les yeux sur le Carnet d’Or; et à côté des détails dont profitera la nuit du Réveillon, remarquez, satisfaites, cet autre menu où, pièce à pièce, énorme, s’égaie, s’illumine la sapinette solennelle. Le rapide coup d’œil, sous lequel apparaissent, à la dernière page (celle du Programme habituel) les noms de théâtres, d’acteurs et les titres de pièces, y lira encore l’indication de mainte Soirée, de plus d’une Après-Midi simplement enfantines. Quelle surprise inventer plus belle et mieux accueillie qu’un coupon de loge (au nom de Mademoiselle ou de Monsieur Baby) mêlant à la verdure, aux lueurs, aux cadeaux, à tout l’arbre, un de ces noms féeriques déjà par eux-mêmes : Théâtre Miniature, et celui des Familles, Robert-Houdin, les Bals de Frascati, le Cirque d’Hiver ou le Châtelet redevenu le Châtelet des Pilules. Dans un portefeuille parfumé et sérieux, étrennes intelligentes, se ploiera encore bien un abonnement pour la saison aux matinées merveilleuses de la Gaîté et traditionnelles de la Porte Saint-Martin, aux Concerts Pasdeloup ou Colonne, car, tant de dimanches voués à la certitude de nobles joies, n’est-ce pas là aussi le cadeau enviable ? Ne dédier que le commencement de cette Chronique à nos mignons êtres roses et blonds ou noirs, rois de l’heure actuelle! leur bonheur forme un sujet trop vaste pour cela; et je m’aperçois que pas un écho mondain ne m’en distrait, prêt à finir. Arrivé jusqu’ici, il me reste donc à continuer sur le même mode : tant pis ou tant mieux! Qu’importe, par exemple, que, le devoir absolu de raconteur parisien m’obligeant à dire pour l’étranger, la province ou pour Paris lui-même qu’un air délicieux sur des paroles (données par la présente Livraison comme Vers du jour) se répète maintenant à tous les pianos lassés par les refrains d’opérettes ou les ritournelles de la danse, j’annonce cet événement musical sous la rubrique les Salons ou sous cette autre les Fêtes d’à présent : puisqu’il s’agit du Noël d’Alphonse Daudet et d’Émile Pessard. Un Noël assez naïf et frais pour