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un peu vagues par cela même et nécessairement accompagnées de quelque banalité, c’est ce qui ne messied pas aujourd’hui, sauf que sur ce thème facile, ancien et normal, déjà se détacheront certains enjolivements dus au goût du jour. Avec quelle joie, égalée seulement par la coquetterie native de ce mignon, la jeune femme ne prépare-t-elle pas la layette du nouveau-né même point encore né, souvent confectionnant elle-même les brassières et les bonnets de dessous qui, de mémoire d’aïeule, sont invariablement taillés sur le même patron! Tout autre, le bonnet de dessus, si fort garni de ruban aujourd’hui qu’on ne saurait le couvrir du chapeau : aussi en faut-il un, exprès pour cet usage, tout uni du chef et sur le devant simplement orné de deux rangs de petit tulle ruché avec de la dentelle entremêlée à du ruban blanc (N° o). Le chapeau : il se fait habituellement en forme de capeline, coulissé, puis retroussé du bord; on y pose un gros pompon de ruban ou une plume blanche. Soutaches ou broderies, ces choses l’achèvent, surtout si la pelisse reçoit le même travail; mais celle-ci peut s’entourer encore de larges bandes de satin, ouatées et piquées, quoique l’engouement à cette heure soit tout pour la plume frisée. Coûteuse, parce qu’elle est blanche, et parce qu’elle est blanche, salissante, qu’importe aux mères le souci de cette garniture auprès de son charme : qui nous dit qu’un tel duvet n’a pas été pris aux ailes du petit ange naissant pour en border son vêtement, tant c’est ici presque le seul, le véritable et l’authentique usage de ce luxe candide! La robe de baptême se façonne toujours en tablier, avec ceinture blanche ou bien nœud papillon; plus simple et sacrifiée à plus de commodité, celle à mettre sous la pelisse ne se garnit que du bas, avec deux entre-deux brodés que sépare un entre-deux de Valenciennes, le tout terminé par une haute dentelle. Nuage de suaves étoffes, vaste et allongé à l’extrême, pour que la petitesse exquise du doux être y apparaisse mieux; cela aura : la robe un mètre trente-cinq centimètres de l’épaule à la dentelle qui déborde; et la pelisse, plus courte, un mètre vingt-cinq centimètres (puisqu’il s’agit déjà d’employer des mesures humaines). A huit ou neuf mois, dix mois au plus tard, l’enfant porte robe courte et douillette chaude; ce qui se brode ou se soutache, ou se garnit soit de satin, soit de plume. Le chapeau change : il devient de feutre et rond, mais descendant très-bas dans la nuque, avec brides à rosettes de ruban et de ruchés pour garantir les oreilles (différences légères dans la forme chez les filles et chez les garçons). Le boa de cygne entourera le cou, tandis que de petites mains gantées se tiendront dans un manchon toujours de cygne, retenu au