Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/822

Cette page n’a pas encore été corrigée

tout à l’heure, le tulle gris argent et (si nous passons sur toutes les teintes), le tulle noir entièrement brodé de jais. Toutes les teintes, ce sont : mauve tendre, réséda, crépuscule, gris tzarine, bleu scabieuse, émeraude, marron doré..., mais je m’arrête. Marguerite de Ponty. GAZETTE DE LA FASHION Les Robes, très-bien : il convient qu’un Courrier de la Mode les décrive jusqu’à la traîne. Tout le monde, de la couturière à la femme de chambre adroite, peut, nos descriptions lues, tailler presqu’un corsage, une tunique, une jupe, un tablier. Le Chapeau c’est bien autre chose ! voilà du velours ou de la soie, voilà du feutre ou une forme (qui n’est souvent que l’absence même de forme) et je puis vous parler une heure : faites de tout cela quelque chose, même avec des fleurs, des plumes et mes paroles. Inévitablement, sauf une imagination très-spéciale, chacune de vous, Lectrices, prend le chemin de la Modiste en renom. Il y a encore mille accessoires que les dames doivent acheter de confiance, le corset, les gants, les souliers : et ces quelques lignes doivent en traiter. De tous les modèles entrevus les jours derniers, au bois, au théâtre, partout, aucun n’est plus ravissant que ceux de Marie Baillet; on peut difficilement égaler cette faiseuse, mais on ne peut la surpasser. Sachant manier avec art les nuances qui, pour toute autre seraient hasardées et les fleurs coutumières ou rares, elle en orne des formes mieux qu’excentriques, parisiennes : et autant que parisiennes, grande dame de tous les pays. Les capitales étrangères nous ont pris son chapeau Lamballe, coquet et seyant à toutes les jeunes femmes, même à de pas jolies s’il en était! car il compose à lui seul un visage. Quant au chapeau Figaro, il est d’une originalité délicieuse : trop connu pour qu’on le décrive ici, et déjà donné par une de nos gravures d’il y a quinze jours. Je puis et je dois louer aussi le contenu des cartons de Louise et Lucie : ce sont de merveilleuses fleurs faites par elles, avec quoi elles créent eneorc de merveilleuses coiffures. On pourrait dire de ces dames qu’elles ont les doigts de roses du matin, mais d’un matin artificiel, faisant éclore des calices et des pistils d’étoffes. A propos de roses, je remarque surtout, dans cette collection nouvelle, une guirlande de cette fleur trop mésestimée aujourd’hui, qu’entoure un feuillage au reflet d’or : puis une garniture de géranium pourpre, avec un splendide feuillage aussi de velours faisant traîne.