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Nous avons l’honneur de vous offrir la plaque de marbre elle-même, ornée d’un médaillon de Victor Hugo. Elle est l’œuvre d’un très remarquable sculpteur, M. Go-debski, de qui, chaque année, le public admire, au Salon, les statues ou les bustes. Au moment où je vous écris, l’ouvrage est sur le point d’être terminé. Nous vous prions, Monsieur le Rédacteur en chef, de bien vouloir publier cette lettre dans votre prochain numéro, et de nous faire savoir si nous devons prier M. Godebski d’achever ou d’interrompre son travail. Veuillez agréer, etc... LE JURY DE PEINTURE POUR ET M. MANET TOUS ceux que l’approche du Salon émeut de quelque curiosité et les amateurs qui tournent les yeux vers des ateliers nouveaux ont, ces jours derniers, appris, très brusquement, que le jury de peinture écarte deux tableaux sur trois, envoyés par M. Manet. La déception est grande pour plusieurs, même placés dans la foule, de ne pas étudier, cette année, la manifestation totale d’un talent exceptionnel; et les ennemis irréconciliables de visées neuves n’ont, eux, qu’à s’écrier « Pourquoi n’a-t-on pas refusé tout l’envoi ? » Je partage, quant à moi, le sentiment des premiers et je m’associe absolument à l’exclamation des autres. Si l’on veut soustraire aux visiteurs du Salon le spectacle d’une peinture qui les inquiéta parfois (comme toute révélation dont le mot est encore obscur), autant qu’écarter d’eux le danger de se laisser peu à peu convaincre par des qualités éclatantes, il faut, certes, avoir le courage d’abuser pleinement et absolument, d’un pouvoir conféré dans un autre but. Ces habitudes anciennes et quelque temps oubliées, de régenter le goût de la foule, pourquoi ne les évoquer qu’à demi, et soit même aux deux tiers ? (11 y a peut-être, par leur fait, à sauver l’Art, comme tout autre chose.)