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tecture monumentale. Ce très beau et très intelligent mouvement de notre art somptuaire, que tout, dans ces trois salles et dans le vestibule, concourt à révéler, est dû à MM. Barbedienne, Christofle, Denière (et Marnj/bac, qui n’expose pas cette année); aux artistes Cornu et Pyat, (ce dernier absent, également) et, autant qu’à personne, au très excellent sculpteur Cordier. J’éprouve un véritable bonheur à constater ce mouvement, je crois, l’un des premiers. Trois hommes ont, dans un esprit pareil à celui qui me dicte les observations précédentes, renouvelé, totalement, la céramique française, les deux MM. Deek et M. Rousseau. Leurs œuvres inspirées, selon le double courant archaïque et exotique reconnu, des faïences anciennes d’Europe et de celles de la Perse, du Maroc et du Japon, portent, toutefois, un cachet indéfinissable auquel convient seul le nom de : moderne qui exprime quelque chose, également, d’occidental. Exemples : ces céladons ivoirins, traversés de feuillages et de plumages riches à l’égal de pierres précieuses, qui ne sont qu’une merveille entre cent dans la collection des premiers de ces ardents ouvriers. Sur l’estrade du second chercheur, ces tasses de porcelaine vermiculée, qui donnent l’impression blanche et délicate de grains de riz juxtaposés, avec des croissants de lune peints; ces vases dont l’émail turquoise ressemble, par l’intensité métallique de la nuance, à un émail sur cuivre; ces pâtes rapportées, figurines, sur fonds bleus, verts ou gris, aux voiles et à la nudité d’opale qui, par un enchantement adorable, deviennent roses comme des Heurs à l’heure de la tombée du jour. Mais j’ai tort; je choisis précisément trois inventions spéciales à cette marque contemporaine, qui atteindra, dans quelque cent ans, un renom exceptionnel. Je devrais, particulièrement citer, comme traduction du haut charme japonais faite par un esprit très français, le service de table demandé, hardiment, au maître aquafortiste Rracquemont : où se pavanent, rehaussés de couleurs joyeuses, les hôtes ordinaires de la basse-cour et des viviers. M. Colinot adosse aux murs, jusqu’à présent recouverts de tapis orientaux et de tapisseries fabuleuses ou idylliques, de vastes panneaux en faïence : ciels, lacs, réunis par les tiges de larges Heurs et par des oiseaux qui