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offre certainement, dans ces monuments des nouvelles expositions, son spécimen le plus parfait. Le jour ne s’annonce ni trop limpide ni trop vague. Très-bien. Le monument polychrome apparaît dans toute sa grandiose et familière beauté. Une rotonde colossale, qui n’a d’égal que le vieux Colysée romain, occupe le fond : c’est l’Albert-Hall, salle de concert d’une nation. De la vaste serre de vitres qui interrompt, sur le devant, le double cordon formé par les innombrables fenêtres de l’édifice et surmonté d’un balcon et d’une frise processionnelle se détachent, à la faveur d’arcs volants, deux Galeries élégantes, qui descendent de l’un et de l’autre côté du jardin : la double enfilade des salles de l’Exposition. A la gravure que ^Illustration donne avec l’étude présente, joignons, car la beauté consiste dans cette fête des deux couleurs alternées, la chromolithographie rouge et jaune, que nous tentons de présenter à l’esprit par quelques phrases rapides. On aura une idée exacte de ce spectacle nouveau. Le style, appréciable dans le luxe seul de l’ornementation, est celui de la Renaissance italienne à laquelle nous faisions allusion précédemment. — Maintenant, nous avons tout vu ! Je ne plaisante pas. Le reste n’est rien, absolument, même en faisant abstraction de l’attente émerveillée que nous cause cette première surprise architecturale, magnifique et délicieuse, qui vaut le voyage outre-mer. Mais l’intérieur de cet Albert-Hall ? Du reps terne et de pâles détrempes. Il faut considérer cet intérieur avec sa véritable décoration confuse de têtes humaines; et ce n’est pas l’heure du « Récital ». Quant aux Galeries artistiques et industrielles, elles contiennent, outre des spécimens désolants de peinture anglaise inférieure, et un Salon français composé de très beaux tableaux connus, achetés par notre gouvernement dans ces derniers temps, des machines ordinaires : sauf un canon qui intéresse les princes et les souverains et une charmante et exacte machine à composer, à l’usage d’une imprimerie. Cela sous la rubrique : Beaux-Arts et Inventions Scientifiques, qui forment le fond permanent des dix seasons. On remarque enfin plusieurs bijoux, quelques vitrines avec du papier à lettre et d’autres