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EXPOSITION DE LONDRES Deuxième saison DE MAI A OCTOBRE 1872 L’Exposition de Londres, qui a maintenant atteint toute sa splendeur, présente, à qui lit les éloges prodigués par les journaux anglais à notre haute industrie de luxe parisienne, la préface authentique de l’Exposition de Lyon. Par intérêt ou par caprice, c’est l’Angleterre que, cette année, Paris préfère éblouir. Nous profitons de l’instant qui nous reste avant la solennité du parc de la Tête-d’Or, pour nous rendre en grande hâte dans le verdoyant quartier de Kensington, et tromper quelque peu l’impatience publique. Muni des Catalogues et du Guide Officiel, nous avons pris le train de marée de la gare du Nord à Charing-Cross, ne quittant de l’œil ces documents que sur le bateau de Boulogne à Folkestone, pour regarder la mer pendant une heure. Quelle admirable route de terre, suivie par les deux lignes de chemins de fer française et anglaise, nous omettons de voir ! Mais nous savons, maintenant, ce que nous allons étudier et ce que nous allons ne pas étudier; et c’est moins en touriste qu’en amateur préparé, que nous alignerons sur notre carnet les notes suivantes. Avant tout, donnons-leur pour titre ce cri dont les gamins, vendeurs de livrets, nous rebattent les oreilles aux abords du palais : PIow to see the Exhibition in one visit. « La façon de voir l’Exposition dans une visite. » Peu importe par où nous soyons entrés et si je vous ai violemment arrachés à votre première admiration devant des objets de provenance reconnue : vous êtes, avec moi, lecteurs, dans les jardins de la Société Royale d’Horticulture, qui occupent le centre des constructions de l’Exposition. Je ne vous laisserai pas, non plus, vous attarder, dans ce parterre, avec un étonnement dont je devine la cause. « Cela un jardin anglais ! » dites-vous. « Mais que sont devenus les accidents nécessaires du