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fabrication de ces simulacres inoccupés une spécialité presque européenne. Mais je louerai bientôt de tout mon cœur ses véritables meubles, apparition étrange et séductrice. Si vous voulez admirer près de leur travail splendide sur champ-levé (ce sont de vastes émaux) un autre travail, cloisonné authentique, qui s’éparpille sur des encriers, des jardinières, des flambeaux, des brûle-parfums, des coffrets et des coupes, de là maison Christofle, vous grouperez du regard un décor familier et riche. Bientôt vous aurez à rapprocher de ce premier choix les verreries peintes de M. Brocard et les vases d’or émaillé de M. Duron. Enfin, vous n’éviterez pas une comparaison involontaire entre la légèreté du verre où circule une arabesque délicate et ces dentelles de M. Verdé-Delisle ou ces broderies de Nancy; entre la richesse multicolore de cette orfèvrerie princière et le brocard à fleurs de soie, étalé entre des étoffes toutes plus luxueuses les unes que les autres que nous présentent MM. Duplan et Cartier, Tassinari et Châtel. Immédiatement, passons aux bijoux. Nous serons libres de les renfermer, alors que leur tentation sera tout épuisée, dans ces prestigieux coffrets, coffres et guéridons, œuvres récentes que nous contemplons encore pendant quelques instants, satisfaits de leur avoir assigné le seul emploi digne de leur somptuosité extérieure. Quel conte oriental osa enrichir ses féeries d’un beau cabinet pareil à celui-ci, vaste émail unissant à l’or les nuances riches et complexes d’une étoffe ! Notre tribut d’éloge est, enfin, accordé à M. Barbedienne. Maintenant ces bracelets ! une vigne vierge d’or; —une succession de fermoirs, panneaux et arabesques, perles et diamants, or mat et émeraudes. (Froment-Meurice.') Ces broches ! une fleur massive d’or; — une branche ornementale de roseaux d’or. (Froment-Meurice?) Ces colliers ! l’un d’émail, rose comme la chair, mais plus froid, suspendant des pierreries de ton pâle, animé cependant. (Froment-Meurice.) Pourquoi nos souvenirs reviennent-ils invinciblement à cette glorieuse vitrine de MM. Marnyhac, nom nouveau et consacré qui s’allie, alors qu’il s’agit de joaillerie, à celui de l’artiste illustre dont nous venons de noter les