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du luminaire, notre investigation, réduite à un regard usuel promené sur les objets de nécessité journalière. La fabrication des lampes, différant de celle des pendules, n’a jamais avoisiné l’absurde; par ce motif, peut-être que le modèle a été sauvegardé par la forme imposée d’un vase. Vraiment, depuis quelques années, nous n’avons eu que très discrètement à nous plaindre, devant certains bariolages à prétentions rétrospectives, si nous omettons toute allusion à l’oignon disgracieux et, je l’espère définitivement vide, du modèle adopté pour l’éclairage spécial par le pétrole. Aujourd’hui, nous ne pouvons que hautement féliciter l’ingéniosité exacte de nos exposants. Il y a entre eux une entente véritablement charmante dans la réussite de ce meuble. On nous présente, comme lampes : des bouquetiers en émaux cloisonnés (de Chinois, de Japonais, de Persans) reposant sur un pied de bambou qui est de bronze dédoré; — une buire d’ivoire sculpté, montée sur argent; — une coupe de bronze de la Chine que soulève un enlacement de monstres. Tantôt, c’est une paire de vastes urnes de marbre griote, que touchent de l’aile, ainsi que du feuillage naissant à leur croupe deux chimères, les seins levés, faites d’argent oxydé; puis de délicieuses armes de la Renaissance à mascarons, dont les anses sont des bergers-faunes et des faunesses-bergères qui, de cette éminence, regardent au loin, les mains sur les genoux. Vous voyez quelle variété pittoresque et charmante ! Ce dernier chef-d’œuvre est exposé par MM. Marnyhac. Je laisse au visiteur qu’attirera cette incomplète nomenclature le plaisir de placer sur chacun de ces meubles utiles, et sur le nombre plus grand de ceux dont il n’est pas fait mention, les noms répétés de Barbedienne, Denière, Cornu, Susse et R.aingo. Qu’il s’arrête devant cet encombrement de choses précieuses qui affluent dans la montre de MM. Cbristofie. Non loin de ses émaux cloisonnés parisiens, sont des incrustations d’une arabesque d’argent dans le bronze, travail exceptionnel revêtant toutes les formes usuelles que nous manions chaque jour, avec assez de bonheur pour me paraître appelé à jouer un rôle multiple dans la métamorphose attendue de l’ameublement.