pauds », et de « puff », nous n’avons rien inventé, en fait de mobilier, depuis la fin du siècle dernier. Pourtant, le premier Empire, avec un style désolant, avait encore son style; mais, depuis la Restauration, nos mobiliers, d’intimité ou de parade, ont été affectés d’une décadence visible. Je passe à ce que j’appelle, faute d’une dénomination préférable, la Garniture de P ameublement. Premièrement, ce meuble solennel, l’horloge. N’a-vait-on pas eu, depuis la fin du xvine siècle, l’idée, gauche et bizarre, de le défaire en deux fragments : un bloc de marbre dans lequel était encastré le cadran, comme par hasard, et pour que ce marbre devint le piédestal de quelque personnage, allégorique ou non, qui ne fut que rarement Saturne ou l’une des Parques. De plus — et par dessus le marché — c’était, si on le voulait, une pendule. J’en connais encore et non loin de moi : leur irrémédiable malheur demeure précisément que le sujet — un sujet pour un meuble chargé de nous avertir de l’heure ! — accuse une facture magistrale, et le socle la recherche d’un marbre rare. Mais quelles revanches dédaigneuses, cependant, prennent déjà nos artistes, affranchis de cette tradition mauvaise. Presque tous nous rendent les anciennes horloges architecturales : une, vrai monument renaissance, fouillé et massif, d’argenture oxydée; une, temple byzantin, construit en or avec des vitraux d’émail. Cette grosse montre exagérée, comme pour l’œil enfantin d’un nabab, indienne, s’agrémente d’arabesques découpées dans de l’argent mat et jouant à l’entour d’un cadran, où l’émail jaune et l’émail noir se marient à de l’émail blanc, (fiarbedienne.') Et cette pendule ! précieux édifice de la Renaissance, tout portes et fenêtres, fouillées, dont les interstices voudra;ent les ornements massifs, en supposant que ces derniers fussent d’argent même, et non d’argenture, comme je le crois. Celle-là, massive, de style Louis XIII, destinée à sonner des heures graves, avec un cadran compliqué sur lequel défilent et les jours personnifiés et les phases lunaires des mois parmi l’émail constellé d’un ciel, nous séduit principalement par sa masse ornementale de cuivre que surmonte une figure du temps. (Denièré). Telle
Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/690
Cette page n’a pas encore été corrigée