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VILLIERS DE L’ISLE-ADAM Conférence Un homme au rêve habitué, vient ici parler d’un autre, qui est mort. Mesdames, Messieurs, Le causeur s’assied. Sait-on ce que c’est qu’écrire ? Une ancienne et très vague mais jalouse pratique, dont git le sens au mystère du cœur. Qui l’accomplit, intégralement, se retranche. Autant, par ouï dire, que rien existe et soi, spécialement, au reflet de la divinité éparse : c’est, ce jeu insensé d’écrire, s’arroger, en vertu d’un doute -—• ia goutte d’encre apparentée à la nuit sublime — quelque devoir de tout recréer, avec des réminiscences, pour avérer qu’on est bien là où l’on doit être (parce que, permettez-ntoi d’exprimer cette appréhension, demeure une incertitude). Un à un, chacun de nos orgueils, les susciter, dans leur antériorité et voir. Autrement, si ce n’était cela, une sommation au monde qu’il égale sa hantise à de riches postulats chiffrés, en tant que sa loi, sur le papier blême de tant d’audace — je crois, vraiment, qu’il y aurait duperie, à presque le suicide. Le démon littéraire qui inspira Villiers de l’Isle-Adam, à ce point fut-il conscient ? par éclairs, peut-être ne voulant effrayer, avec un déploiement de ses suprêmes conséquences, qui il marque, tout de suite; mais je sais bien, avec mon sens de témoin d’un destin extraordinaire, que personne jamais ne présenta, approché, ou ici raconté, le caractère de l’authentique écrivain, à part, ne sachant que soi, ou même l’ignorant afin d’en tirer pour sa propre stupeur superbement le secret, comme ce camarade.