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Bibliographie Un fragment seul de ce poëme avait été publié de — à — Il était précédé d’une ouverture que je remplace par une autre, en le même sens — et quant au monologue — au pourquoi de la crise indiqué par le morceau — j’avoue que je m’étais arrêté dans ma jeunesse. Je le donne, ce motif tel qu’apparu depuis, m’efforçant de traiter dans le même esprit. Dès lors il se voue de plus en plus à l'approfondissement de soi dans un cadre de plus en plus impersonnel et il imagine un être sui generis en dehors de toute légende : il crée Igitur ou la Folie d’Elbehnon. Peut-être (mais ce n'est de ma part que supposition) des circonstances et déboires de l'ordre temporel l'incitèrent-ils, à cette époque, à un plus grand reploiement sur soi-même. Un préfet de l'Ardèche, sur la foi de parents jaloux du temps et du %èle dérobés, croyaient-ils, au soin de leurs enfants par « la noble faculté poétique », et pénétré lui aussi de la même animosité quant à sa propre progéniture, demanda le changement universitaire de Mallarmé qui fut envoyé un an, 1867, en une sorte de disgrâce à Besançon : Accu-satus est quod corrumperet juventutem. La vindicte générale s'exerçait déjà contre ce solitaire. Igitur paraît, ai-je dit, se placer entre les années 1867 et 1870 et avoir été écrit en majeure partie à Avignon. C'est, comme le nomme Mallarmé lui-même, un conte, dans une prose très serrée, avec un parti-pris qui semble avoir été celui de l'auteur à cette époque, de recherche de mots en écho, favorisant un retour de la pensée sur elle-même, et donnant une impression de calfeutrage. On trouve là quelque chose de plus et d'autre que la rime. La sonorité s'y prolonge en deçà de la pénultième syllabe et sort de l'expression seule pour s'avancer jusque dans la pensée, avec, aussi, rappels et réduplications de termes. Mallarmé, peut-on dire, était déjà préoccupé d'un effet de musique intérieure qui n'avait pas encore pris en lui la conscience qu'il en eut plus tard, musique tissue de sonorités apparentes et virtuelles tout ensemble. Dans un argument postérieur aux premiers écrits Mallarmé