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LA FAUSSE ENTRÉE DES SORCIÈRES DANS MACBETH Aujourd’hui je rangeais près du monceau gisant de livres, un Shakespeare aux rayons installés en bibliothèque de campagne; le tome battit des feuillets, s’ouvrit, selon quelque remarque ancienne, invitant à y revenir — du moins, qu’on la laissât, jusqu’aux carreaux, s’exhaler, ce jour-là — close au début même de Macbeth et sans injonction de retourner la page. Oubli — voici des années quand l’influence shakespearienne, souverainement, dominait tout projet de jeunesse relatif au théâtre, certaine vision, d’un détail, s’imposa et pourquoi résistai-je, par quelle hésitation, à l’écrire ? elle me semble, maintenant, empreinte de sublimité. Toute filiation, de concept ou dans les moyens, interrompue avec l’art éternel de la Renaissance, — pour cette cause, peut-être, l’opportunité vient, de réparer un manquement; et, ma réminiscence poussée à l’obsession, de la délivrer mieux qu’à part moi, en faveur de quiconque s’apparente, par une communauté de langue, avec l’œuvre anglaise. L’aperçu que je signale, me hanta depuis son illumination lointaine : vais-je, par un exposé, l’éclairer de péremptoire évidence comme le chiffon essuya la poussière à l’or des tranches ? Je ne me défends pas, tout à coup, à propos d’un poème élargi, en sa magnificence, parmi les mémoires séculaires, de crier à quelque nouveauté — d’éclat si soudain qu’il ne rencontra de regard sauf le mien, certes et indéfectiblement : n’était qu’une observation se révéla aussi, quant à un passage différent de la tragédie, souvenez-vous, pour Thomas de Quincey qui composa le rare et persuasif Essai sur le heurt à la porte, dans Macbeth. Le prosateur somptueux explique, hors l’opium, le cas d’une impression, à lui propre; originale, intime : frémissant feuillage étendu, comme offrande, sur le socle général des admirations que, sans doute, n’appartient à personne spécialement, mais à l’anonymat, au temps et à la faute, de construire en entier. Quelle séduction — accompagner sa démarche