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POEMES D’ENFANCE ET DE JEUNESSE 15 Mais quel est cet écho de prière lointaine Que la brise en passant murmure au Dieu du ciel ? Chœurs, sont-ce vos chants ? Non : de la terrestre cène Pur, un ange d’un jour, parle à l’hôte éternel ! La Terre « Seigneur, merci ! toi qui nous changes » Les nuits d’exil en jours bénis ! » N’était-ce assez de ton chœur d’anges, » Cygnes purs des célestes nids ? » Merci !... de nos mains qu’on encense, » Reçois nos lys, Heurs de l’enfance ! » Oh ! que notre cœur soit plus pur » Qu’un flot qui du ciel est l’image ! » Qu’en passant, le soir, nul nuage » Dieu ! n’en assombrisse l’azur ! » On dit que sous la fleur une épine se voile, » Un tombeau sous la vague où se berce l’étoile, » Si tu n’étais pas là, Seigneur, nous péririons ! » — Qu’un ange par la main nous mène à ta demeure » Et que riant au flot, chacun de nous l’effleure » Comme l’aile des alcyons ! » Si, par son chant trompeur nous attirait le gouffre, » Dans la nuit fais briller de ce jour les lueurs ! » Mais aujourd’hui songeons que plus d’un père souffre ; » Prions, car la prière est l’aumône des cœurs ! » Donne à notre prière une aile, » Pour qu’elle s’envole à ton cœur » Comme le frais parfum que mêle » Aux brises, l’aubépine en fleur ! » Prions notre immortelle mère » Pour celle qui donna sur terre » Nos cœurs à son fils éternel !