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Le seul, il le fallait fluide comme l’enchanteur des Vies Encloses et aigu — qui, par exception, ait, naguères, traité de Danse, M. Rodenbach, écrit aisément des phrases absolues, sur ce sujet vierge comme les mousselines et même sa clairvoyance — à propos d’une statue exposant, déshabillée, une danseuse — les accumule, les allonge, les tend par vivants plis; puis constate le soin propre aux ballerines depuis les temps « de compliquer de toutes sortes d’atours vaporeux l’ensorcellement des danses, où leur corps n'apparaît que comme le rythme d'où tout dépend mais qui le cache ». Lumineux à l’éblouissement. Une armature, qui n’est d’aucune femme en particulier, d’où instable, à travers le voile de généralité, attire sur tel fragment révélé de la forme et y boit l’éclair qui le divinise; ou exhale, de retour, par l’ondulation des tissus, flottante, palpitante, éparse cette extase. Oui, le suspens de la Danse, crainte contradictoire ou souhait de voir trop et pas assez, exige un prolongement transparent. Le poëte, par une page riche et subtile *, a, du coup, restitué à l’antique fonction son caractère, qu’elle s’étoffe; et, sans retard, invoque la Loïe Fuller, fontaine intarissable d’elle-mème — près le développement de qui ou les trames imaginatives versées comme atmosphère, les coryphées du Ballet, court-vêtues à l’excès, manquent d’ambiance sauf l’orchestre et n’était que le costume simplifié, à jamais, pour une spirituelle acrobatie ordonnant de suivre la moindre intention scripturale, existe, mais invisible, dans le mouvement pur et le silence déplacé par la voltige. La presque nudité, à part un rayonnement bref de jupe, soit pour amortir la chute ou, à l’inverse, hausser l’enlèvement des pointes, montre, Figaro. (5 mai 1896.)