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HAMLET oiN de tout, la Nature, en automne, préparé son J- Théâtre, sublime et pur, attendant pour éclairer, dans la solitude, de significatifs prestiges, que l’unique œil lucide qui en puisse pénétrer le sens (notoire, le destin de l’homme), un Poëte, soit rappelé à des plaisirs et à des soucis médiocres. Me voici, oubliant l’amertume feuille-morte, de retour et prêt à noter, en vue de moi-même et de quelques-uns aussi, nos impressions issues de banals Soirs que le plus seul des isolés ne peut, comme il vêt l’habit séant à tous, omettre de considérer : pour l’entretien d’un malaise et, connaissant, en raison de certaines lois non satisfaites, que ce n’est plus ou pas encore l’heure extraordinaire. Et cependant, enfant sevré de gloire. Tu sens courir par la nuit dérisoire, Sur ton front pâle aussi blanc que du lait, Ee vent qui fait voler ta plume noire Et te caresse, llanilet, 0 jeune Hamlet ! (Théodore de Banville.) L’adolescent évanoui de nous aux commencements de la vie et qui hantera les esprits hauts ou pensifs par le deuil qu’il se plaît à porter, je le reconnais, qui se débat sous le mal d’apparaître : parce qu’Hamlet extériorise,-^ sur des planches, ce personnage unique d’une tragédie intime et occulte, son nom même affiché exerce sur moi, sur toi qui le lis, une fascination, parepte de l’angoisse. Je sais gré aux hasards qui, contemplateur dérangé de la vision imaginative du théâtre de nuées et de la vérité pour en revenir à quelque scène humaine, me présentent, comme thème initial de causerie, la pièce que je crois -f, celle par excellence; tandis qu’il y avait lieu d’offusquer aisément des regards trop vite déshabitués de l’horizon pourpre, violet, rose et toujours or. Le commerce de