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« LES POÉSIES PARISIENNES » d’Emmanuel des Essarts. (Lf Papillon, 10 janvier 1862.) Quand le don Quichotte du Permesse, Georges de Scudéry, mit en tête des poésies de son cher Théophile l’adorable cartel au lecteur que vous savez, chacun dit admirer l’amitié chevaleresque mais se méfier singulièrement d’un livre prôné flamberge au vent. Puisqu’à mon tour il m’est donné de dire ce que je pense des Poésies Parisiennes de mon ami Emmanuel des Essarts, je n’imiterai point l’inimitable Georges, en insinuant à coups d’épée que c’est là un volume incomparable : je prierai humblement les lettrés de l’ouvrir, — eux seuls, — estimant le succès qu’il peut obtenir en leurs rangs clairsemés, supérieur à la vogue que lui décernerait la foule. Aussi ai-je remis la réclame au fourreau et consacré à ces vers ce qu’il serait ambitieux d’appeler une étude. Je crois qu’on risquerait fort de revendiquer chez son auteur des qualités qu’il ne devait pas montrer, de demander des violettes à un églantier, si, pour apprécier une œuvre, on fondait sa critique sur les seuls principes de l’art; et qu’il faut, au contraire, passer du poëte au poëme et juger ce qu’il a fait par ce qu’il a songé à faire. De là j’eus toujours un grand amour pour les préfaces. A défaut de préface, quand on a la bonne fortune d’un livre aussi sincère que celui-ci, on recherche l’idée dans le titre, qui la résume, et dans les épigraphes, qui la révèlent. Les sentiments de la vie parisienne pris au sérieux et vus à travers le prisme de la poésie, un idéal qui n’existe point par son propre rêve et soit le lyrisme de la réalité, telle est l’intention des Poésies Parisiennes. A Paris l’existence est l’action sans trêve : cette poésie ne s’arrêtera donc pas à cueillir des bouquets en chemin. A Paris,