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naient de quelque rêve de bonheur renouvelé, vers le souvenir d’un amour perdu, il s’écrie : Ah ! quel démon ma vers ces lieux tenté ! « Accédant à ma requête d’effacer la dernière stance &\Jlalume que j’avais toujours jugée obscure (celle, du moins, qui, originairement, était la dernière), M. Poe, peut-être, n’a fait que laisser plus douteux le sens général du poème. « Bien sûr, il ne vit pas réellement « la double corne » d’une planète, et les vers omis auraient montré que ce qu’il voyait n’était que le spectre d’une planète, par les miséricordieux démons du bois évoquée pour séduire d’espoirs visionnaires son chagrin et le tromper sur le secret épouvantable caché dans leur touffe. » Les détails de cette lettre sont pleins d’intérêt et de charme pour le curieux : proclamons toutefois, lecteur, qu’avant de les apprendre, le paysage, la notation inconnue du chant et jusqu’au mystère suffisaient à nous faire goûter \Jlalume pleinement, comme l’un des types proposés par la poésie terrestre. Le haut fait littéraire de Mrs Whitman est ici d’avoir, avec une justesse de vue que d’ordinaire posséda Poe à un degré plus haut que tous, obtenu la suppression d’une dernière stance, avec laquelle le poème apparut d’abord sans nom d’auteur. L’effet total était affaibli; et rien dans la stance elle-même d’une versification peut-être inférieure à toutes et d’un concept moins frappant, ne semble à regretter. « Nous dîmes alors — tous deux, alors — Ah ! se peut-il que les goules des lieux boisés^ les miséricordieuses goules pleines de pitié nous aient ainsi barré le sentier et soustrait le secret caché dans les bois — aient fait surgir le spectre d’une planète hors des limbes des âmes lunaires — de l’îdnfer des âmes planétaires cette planète fautivement scintillante. »