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concentrées, peut être un rêve caressant, mais ne peut être qu’un rêve*. » Nul doute que le poëte français n’eût à quelque heure tenté ce rêve et donné à notre littérature un recueil prenant place entre la traduction de la prose et son propre livre des Fleurs du Mal. Chaque fois, du reste, qu’un des poèmes se trouva encadré, soit en quelque dissertation, soit en un conte de Poe, nous en possédons une version magistrale de Baudelaire : exception dans l’interdit qu’il porte. A défaut d’autre valeur ou de celle d’impressions puissamment maniées par le génie égal, voici un calque se hasarder sans prétention que rendre quelques-uns des effets de sonorité extraordinaire de la musique originelle, et ici et là peut-être, le sentiment même. LE CORBEAU (Page 190.) Dans un petit livre, un reliquaire, dédié par Ingram au culte du seul Raven (versions, tout y tient), apparaît un poëme lsadore, inspirateur quelque peu du Corbeau : de la trouvaille aux conclusions, c’est charmant et probable autant que neuf. Presque tout le monde a lu d’autre part ce singulier morceau de prose où Poe se complaît à analyser son Corbeau, démontant strophe à strophe, le poëme, pour en expliquer l’effroi mystérieux et par quel subtil mécanisme d’imagination il séduit nos âmes. La mémoire d’un examen quasi-sacrilège de chaque effet, maintenant poursuit le lecteur, même emporté par le cours du poëme. Que penser de l’article, traduit par Baudelaire sous le titre de Genèse d'un Poëme et par Poe intitulé Philosophie de la Composition ? sauf que c’est un pur jeu intellectuel (s’il faut s’attacher aux termes d’une lettre récemment mise

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