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mes réminiscences d’évocation de l’art antique, dont c’est à coup sûr le chef-d’œuvre. « Êtres vivants dans un tel état poétique et délicieusement humains à la fois n’existent pas autre part; non plus que cette suave et puissante conception tragique qui dispose, selon sa beauté seule, de leur présence ou de leur mort avec tant d’extase et de sérénité. Ce livre qu’il sera temps, à la première étude générale faite ici sur votre œuvre de raconter tout au long et de classer au rang qu’il tient dans la poésie moderne, je vous demande humblement pardon d’en avoir défloré l’intérêt à venir près du public français par un court et banal paragraphe que la République des Eettres, trop volumineuse à son second numéro, a été obligée de remettre au troisième : belle occasion de le refaire ? non, parce que votre Nocturne paraissant dans ce même troisième numéro, mieux a valu garder le grand article d’ensemble projeté, pour quelque temps après. » Dans une lettre en français, le 5 février 1876, Swinburne disait à Mallarmé : « J’attends avec une reconnaissante impatience la lecture de votre « paragraphe », à propos de mon Erechtheus, poëme assez bien accueilli en Angleterre et que je crois un de mes meilleurs. » Nous n’avons pas de lettre qui nous ait révélé l’impression que put ressentir Swinburne à la lecture de ce compte rendu, quoique nous possédions deux lettres de surplus de Swinburne à Mallarmé, mais un peu postérieures, des Ier et 9 juin; peut-être le poëte anglais en remercia-t-il son confrère français par l’entremise d’un tiers, peut-être Mcndès. Cet article fut reproduit, du vivant de Mallarmé, dans le .Mercure de France (octobre 1891) sous le titre de Page retrouvée : /'Erechtheus de Swinburne, par les soins de Rémy de Gourmont. Faut-il rappeler que ce nom d’Erechtée figure dans un chef-d’œuvre de la scène française : Phèdre (acte II, sc. I) où Racine fait dire à Aricie : ... et la terre humectée Rut à regret le sang des neveux d’Erechtée. P. 703. MARIANA (Paris, 1874.) C’est la traduction d’un des Early Poems d’Alfred Tcnnyson, dont le titre est emprunté à Mesure pour Mesure de Shakespeare, ou plus exactement de six des sept strophes qui composent ce pocme : la troisième n’y figurant pas. Cette traduction parut d’abord dans le numéro du 18 octobre 1874 de la Dernière Mode et fut réimprimée, plus tard, dans le Mercure de France (numéro de juin 1890) avec cette note de Rémy de Gourmont :