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l’abandon dans le style, qui ont longtemps été le double attrait d’une lettre, l’abandon seul demeure de nos jours, prêt à se changer en un laisser-aller regrettable. « L’instinct précieux de la lecture peut ramener aux bonnes traditions; mais un jeune esprit ne doit pas affronter, sans un guide, le monde ignoré des livres. « Donner des principes stables, retrouvés bientôt dans les pages des grands auteurs de tous temps et de tous pays; faire aimer ces maîtres dont la fréquentation éclaire et rend difficile dans le choix futur des lectures : telle est la tâche que se propose le professeur. « Il est inutile d’insister sur les avantages qui résultent, pour l’éducation, des dispositions heureuses mises en commun par plusieurs élèves ou du concours intéressant de jeunes étrangères dont l’éducation a été commencée hors de France; enfin du bon ton qui règne dans un auditoire choisi. Ces avantages ressortent d’un cours bien fréquenté. Mais celui-ci présente une particularité faite pour rehausser leur valeur : c’est qu’il admet la participation directe de chacune des jeunes personnes à l’entretien et les prépare, dans une familière et sérieuse causerie, aux premiers secrets de la conversation, destinée à conserver son ancien lustre. » P. 695. LE JURY DE PEINTURE ET M. MANET (Paris, 1874.) Publié le 12 avril 1874 dans la Renaissance artistique et littéraire, cet article a été reproduit par Mme E. Noulet, p. 500 de son livre : Z’Œuvre poétique de Stéphane Mallarmé. Nous en avons trouvé un exemplaire portant quelques corrections manuscrites que nous avons reportées ici : Par. 6 : « une » clairvoyance au lieu de « leur ». « leurs mains » au lieu de « ces mains ». Par. 9 : « par un regard » au lieu de « par son regard ». Par. 12 : « avec une égale... » au lieu de « avec la même... » « quelque chose même de vague... » au lieu de « le produit plus tranquille ». Par. 15 : « tout à elles-mêmes » au lieu de « absorbées ». « conversation » au lieu de « contemplation ». Avant-dernier : « ïæ manière » au lieu de « son talent ». On ne sait exactement quand Mallarmé fit la connaissance d’Édouard Manet ni en quelle circonstance. On pourrait penser que ce fût été à l’occasion de cet article-ci ; mais Mallarmé, répugnant assez à écrire des articles et le faisant d’ordinaire sous l’injonction d’un mouvement amical, on est porté à croire que lorsqu’il écrivit cet article, il devait connaître Manet personnellement, peut-être depuis assez peu de temps.