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Charles Bonnier avait, en janvier 1892, publié un volume : Un Moment (Bruxelles, Charles Vcnderauwera, édit.) préeédé d’une préface dédiée à Stéphane Mallarmé. Le fait était, à cette époque, exceptionnel, surtout dans les milieux universitaires. Mallarmé s’en montra touché et entra en relations avec le jeune professeur ; « Votre serrement de mains, en tête d’D/z Moment me fait grand honneur », lui écrivait Mallarmé le 15 novembre 1892 (lettre inédite : eollcction H. Leclercq, de Bruxelles). En mars 1893, Charles Bonnier, qui en avait été évidemment l’instigateur, lui annonça la visite du professeur York Powell et l’intention de celui-ci de demander à Mallarmé de venir parler à Oxford. Le 20 mai suivant, le poëte adressait à Charles Bonnier eette lettre inédite (collection H. Leclercq, de Bruxelles) qui précise l’époque à laquelle il a fixé le cadre de sa conférence : « Cher Monsieur Bonnier, « Tous ces jours-ci la Walkyrie et le Veillas et Mélisande de Maeterlinck et je ne sais quoi d’imprévu qui souffle dans l’air ont retardé ma réponse. Je ne voudrais cependant pas, tant l’offre d’hospitalité ajoutée par Mt. York Powell est exquise et me touche, attendre pour vous prier de le remercier de grand cœur, que j’aie définitivement trouvé, sinon le sujet, je ne sors guère du mien, mais l’intitulé de la conférence. Sera-ce les lettres et la Musique ? je vais y songer quelques jours sous les ombrages de Fontainebleau et je vous ferai d’ici peu tenir une lettre pour M. York Powell. Tout entre nous, en attendant, et sans un mot à personne, dites-moi amicalement s’il y a des conditions pécuniaires annexées à ce beau projet par lui-même tentant; comment, etc. « A cette époque de l’année, ma retraite prise, j’aurai mille préoccupations et je veux me mettre en état de voyager comme il sied. « Votre main. J’espère vous voir, vous, avant Novembre. » C’est le icr mars 1894 à Oxford et le 2 à Cambridge, que Stéphane Mallarmé donna eette conférence. D’après une lettre datée du 8 mars 1894, sur du papier à en-tête de Bailliol College, Oxford, et adressée par M. Louis Dyer à un ami de Mallarmé, Alidor Delzant, il y eut chez ce dernier, avant le départ du poëte pour l’Angleterre, une sorte de « répétition générale » de la conférence. Louis Dyer dîna, à Oxford, avec Mallarmé, chez le professeur York Powell, et, dit-il, « Mallarmé me consacra toute une matinée grise et quelque peu pluvieuse comme nous les connaissons si bien à Oxford ». Ils firent ensemble le tour des collèges et de la Bibliothèque Bodléicnne. « Quelle originalité et quelle profondeur d’âme. Je trouve même que sa conversation est, à quelques égards, plus intéressante que son œuvre. » D’après Louis Dyer, il avait été question que la conférence fût faite en anglais : « Mais M. Mallarmé a préféré la faire lire en anglais