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indications, dans l’un et l’autre cas, fort vagues, il faut l’avouer, pour qui n’eût jamais entendu parler de Beckford et de l’ouvrage français de ce grand seigneur anglais. Baudelaire lui-même n’avait pas cru devoir éclairer le lecteur sur ce point, et peut-être ne l’était-il pas lui-même. Le cas de cct Anglais écrivant en français put bien aussi être rappelé ou révélé à Stéphane Mallarmé pendant son séjour à Avignon, par Bonaparte Wyse, qui s’exprimait aussi aisément en anglais qu’en français et composa même, en outre, un volume de poésies provençales. On sait que Bonaparte Wyse montra à Mallarmé une vive amitié, l’incita à renouveler son étude de l’anglais et à des voyages en Angleterre. Ce qu’avait eu de singularité la vie et la carrière littéraire de William Beckford n’avait pas dû passer inaperçu d’un esprit tant soit peu excentrique comme l’était celui de Bonaparte Wyse. En tout cas, il fut un des premiers au courant des intentions de Mallarmé à cet égard, car dans une lettre datée Manor of St. John’s, Waterford (Irlande), 17 octobre 1875, il lui disait : « J’espère que vos travaux beckfordiens (il ne faut pas faire comme les moutons qui sautent trois pieds de haut pour franchir un brin de paille) auront du succès et des... Napoléons. » A la hn de janvier 1876, Mallarmé, dans une lettre au poëte anglais Arthur O’Shaughnessy se plaint « des éditeurs qui lambinent », parle « du Faune dont l’après-midi menace d’aboutir à la nuit étanche », et de « Vathek plus oublié par l’imprimeur que le rituel ancien d’une momie. » Le 24 mai suivant, il annonce au même correspondant l’envoi d’un exemplaire de Vathek à son adresse et d’un autre à la revue Tbe Atheneiim. Le 12 juin 1876, son ami le poëte et traducteur John Payne lui écrivait, de Londres, en français : « J’ai été charmé de la Préface à I ~atbek qui est un vrai petit chef-d’œuvre dans cet art si difficile et si charmant de faire les préfaces. Le début est plein de charme et de grâce inattendus et les traits piquants et éloquents abondent partout. J’ai été surtout ravi du tour pur et précieux de tes phrases : somme toute c’est un bijou exquisement ouvré. Je t’engage à continuer. » » Déjà, dans une lettre du 27 janvier 1876 à Swinburne, Mallarmé disait : « ... votre Nocturne paraissant dans le troisième numéro (de la République des Lettres) mieux a valu garder le grand article d’ensemble projeté, pour quelque temps après; sans compter qu’il y a déjà de moi de longs fragments d’une étude écrite sur Vathek dont je publie au même moment, en un volume, le texte original français. Détails oiseux si je ne m’en servais pour vous dire qu’en cette Préface seulement au livre de Beckford ainsi que dans un très bref petit poëme, édité avec trop de luxe par un imprimeur en tant que spécimen de son faire, consiste l’envoi, par moi annoncé