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semblablement, avant que l’ancien professeur improvisé de français en Angleterre écrive au professeur d’anglais en France, au sujet d’une édition bon marché des poésies d’Edgar Poe. Ainsi, à partir de 1879, les relations, à tout le moins épistolaircs, se multiplient : envois de livres réciproques; études de Verlaine sur Mallarmé dans les Poètes Maudits et dans les Hommes d'aujourd'hui ; visites de loin en loin de Verlaine rue de Rome, de Mallarmé cour Saint-François ou aux hôpitaux; cordialité et compassion de la part de Mallarmé, admiration nuancée de respect et d’un peu de timidité du côté de Verlaine. Il y eut encore comme lien entre eux le souci que Verlaine prit, vers 1886, de son fils qu’il n’avait vu depuis des années et qu’il apprit être élève dans le lycée où Mallarmé professait; et leur commune amitié pour Villiers de l’Isle-Adam, alors si près de sa mort. En septembre 1889, à l’intention du recueil prochain Dédicaces, Verlaine compose — et adresse à Mallarmé quelques jours plus tard — un sonnet facile et gouailleur : Des jeunes — c’est imprudent — Ont, dit-on, fait une liste Où vous passes^ symboliste. Symboliste ? — cependant Que d'autres, dans leur ardent Dégoût naïf ou fumiste Pour cette pauvre rime iste M’ont bombardé décadent. Soit ! chacun de nous en somme Se voit-il si bien nommé? Point ne suis tant enflammé Que ça, vers les nymphes, comme Vous n'étes pas mal armé Plus que Sully n'est Prud'homme. Prié en 1893, de présider le VIIe Banquet de la Plume et d’indiquer son successeur, Mallarmé désigne sur-le-champ Verlaine et demande qu’on donne bien à entendre qu’une circonstance fortuite seule l’a fait l’y précéder. En octobre 1894, Verlaine avait été élu Prince des Poètes, Mallarmé, dix-huit mois plus tard, se vit appelé à le remplacer dans ces fonctions honorifiques et vagues ; un peu avant, il saluait de ce noble discours le départ, hors de ce monde, de l’auteur de Sagesse. Sur l’ensemble et les détails des relations de Mallarmé et de Verlaine, cf. Flenri Mondor : l'Amitié de Verlaine et Mallarmé (1 vol., Gallimard, Paris, 1939).