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elle-même fut publiée dans eette même revue (numéros des 23 fév. et 2 mars 1890), puis dans la Revue d'aujourd'hui du 15 mai suivant. Elle parut sous la forme d’une plaquette tirée à 50 exemplaires, la même année, à la Librairie de l'Art Indépendant et, de nouveau, en 1892, ehez l’éditeur Paul Laeomblez, à Bruxelles. En 1893 le reeueil Vers et Prose et en 1897 eelui des Divagations n’en continrent que des fragments fort brefs. Entre ees deux éditions de sa eonférenee, l’idée vint à Mallarmé de former une suite de eette sorte de publications et de consacrer d’autres eonférenees ou études à des hommes qu’il avait particulièrement eonnus et aimés ; mettant au-dessus du nom de Villiers de l’Isle-Adam, le titre les Miens et le numéro I, il prévit et annonça deux études du même genre qui seraient consacrées à Édouard Manet et à Théodore de Banville, études dont on ne regrettera jamais assez qu’elles ne parurent pas. Le fragment de eette eonférenee donné dans Divagations comporte quelques modifications minimes apportées par l’auteur, touchant principalement la ponctuation : elles ont été introduites dans notre texte. C’est en septembre 1864, à Choisy-le-Roi, où il était allé rendre visite à Catulle Mendès que Stéphane Mallarmé rencontra pour la première fois Villiers de l’Isle-Adam; la sympathie fut immédiate et réciproque, l’admiration vive. Les rencontres furent rares, Mallarmé étant reparti peu après pour Tournon, Villiers partageant son temps entre Paris et Saint-Brieue : mais de temps en temps des lettres animées et eordiales s’éehangeaicnt. Mallarmé souhaite à Tournon la venue de Villiers que eclui-ei promet mais ne peut réaliser. En 1867, devenu rédaeteur en chef de la Revue des Lettres et des Arts, Villiers de l’Isle-Adam s’empresse de demander la collaboration de Mallarmé. En août 1870, il vient le voir à Avignon en compagnie de Catulle Mendès et de Judith Gautier. A partir de 1871, Mallarmé établi à Paris voit Villiers assez souvent : l’intimité s’aeeroît en dépit de l’cxistenee souvent mystérieuse de l’auteur d’Isis ; quelques lettres l’attestent par un tutoiement, rare dans la correspondance de Mallarmé, et la eonfidenee faite par Villiers de ses avatars sentimentaux. Entre deux disparitions, Viiliers surgissait volontiers rue de Rome et y déployait les trésors fantastiques d’une imagination prineière. Lorsque, vers 1888, la santé de Villiers commença à donner des inquiétudes, Mallarmé mit tout en œuvre pour qu’il pût se soigner, le recommandant à des médecins avee qui il était lié; et lorsque la maladie commença à immobiliser et à priver de ressources le grand éerivain, e’est Mallarmé qui, avee la plus délieate et effieaee discrétion prit, en mars 1889, l’initiative de constituer parmi ses amis un fonds de seeours pour le malade. Il assista de sa présenee fréquente Villiers de l’Isle-Adam pendant ses derniers jours aux Frères Saint-Jean de Dieu, fut l’un des témoins de son mariage in-extremis, et conduisit son deuil le 21 août 1889.