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Par l’entremise également de Glatigny, cette publication hebdomadaire publia des poëmes inédits de Théodore de Banville et de Joséphin Soulary et, dans le numéro du 28 mai 1864, un pocme en prose de Baudelaire, les Vocations, qui avait paru dans le Figaro le 14 février précédent. Quand Albert Glatigny vint occuper le poste de chroniqueur à Vichy, au mois de mai 1864, il arrivait précisément de Tournon où il avait fait un séjour de trois semaines chez Mallarmé. Celui-ci semble bien avoir écrit ses premiers poëmes en prose en avril 1864, c’est-à-dire peu avant l’arrivée ou même durant le séjour de Glatigny à Tournon; ils étaient donc alors dans leur plus verte nouveauté. L’erreur répétée par des bibliographes successifs au sujet des deux premiers poëmes en prose publiés par Mallarmé, semble bien imputable à celui-ci. Dans la Revue Indépendante, en 1886, parut, parmi les pages d’annonce (sur papier vert), une liste relevant chronologiquement les divers ouvrages publiés par Stéphane Mallarmé, en volumes, plaquettes et en revues, de 1863 à 1886. Dans cette liste figure la mention suivante : « 1865 : La Pipe et Fusain dans la Saison de Vichy (dirigée par Glatigny). » « L’introuvable Saison de Vichy », écrivait, découragée, E. Noulet... Nous devons à l’obligeance de nos amis les professeurs Ala-jouanine et Lucien Cornil, d’avoir pu préciser cette première publication par Mallarmé de deux de ses poëmes en prose. Des douze poëmes en prose de Stéphane Mallarmé, sept datent, sans contredit, d’avant l’été 1867 et doivent remonter, vraisemblablement, à trois années auparavant, comme semble bien l’indiquer la lettre que le poëte adressait, de Besançon, le lundi 7 octobre 1867 à Henri Cazalis : « J’ai mis ton nom en tête de quelques poëmes en prose que tu sais anciens et puérils et que Villiers me demandait pour sa revue. » Par une lettre d’Eugène Lefébure à Mallarmé, datée du 13 mai 1864, on sait qu’à cette époque existaient déjà la Pipe et l'Orgue de Barbarie (Plainte d'Automne') ; il dit, en effet, à son ami : « Je serre cette chère main qui a écrit POrgue de Barbarie, un adorable petit chef-d’œuvre que je sais par cœur » et « Je crois que vous donnez [dans la Symphonie littéraire} la sensation vraie de vos trois poètes, comme dans la Pipe vous donnez la sensation vraisemblable de Londres. » Révélée récemment, une lettre d’Henri Cazalis à Mallarmé témoigne, d’autre part, que le Phénomène futur était écrit en décembre de la même année : « Tu m’envoies, dit-il, une lettre adorable... puis l’autre jour un poëme en prose qui m’a fait jaloux, qui est d’une couleur splendide; le grand couchant avec des reflets rouges, et rayé de bandes noires, sur lequel sc dessinent pâles, étirés, longs et maigres, les squelettes à peine vêtus de nos petits enfants, ce