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pait pas à Verlaine qui, le 24 avril, lui demandait où l’on pouvait trouver un exemplaire très bon marché des poésies de Poe : renseignement dont il accusait réception, dans une lettre de Rethel, le 22 mai suivant. C’est à Verlaine, au reste, que Mallarmé confia, en 1883, le soin de communiquer aux lecteurs de Tutèce parmi les citations des Poètes Maudits, le Tombeau d'Edgar Poe. Toutefois, en 1886, il avait laissé reproduire dans P Art et la Mode (n° du 7 août 1886) sous le titre : Adagios, sa traduction de deux poèmes d’Edgar Poe : A Hélène et Ulalume. Tout au début de 1887, Émile Verhaercn, qui était depuis quelque temps en relations avec l’cditeur Edmond Deman, de Bruxelles, exprima à Mallarmé le désir qu’avait celui-ci de publier un de ses ouvrages. Le 15 janvier 1887, Mallarmé lui répondait : « J’ai porté ces jours-ci chez Dcntu (quel dommage ! rien n’est pourtant absolument fait) un volume de poèmes en prose, 200 pages et 4 illustrations en couleur et à l’eau-forte de John Lewis Brown (couverture) et Degas, Renoir, Mme Morisot, peut-être aussi de Monet. Titre : le Tiroir de Toque. J’en ai demandé 500 francs. « A défaut de cela, je possède les Poèmes de Poe traduits avec des notes documentaires curieuses : environ 200 pages aussi. Portrait de Poe par Manet ; cul-de-lampe et fleuron empruntés à mon in-folio du Corbeau, réduits. Le tout forme 200 pages; j’en demande 500 frs et suis sur le point de le publier, parce que je désire que c’en soit l’édition princcps et définitive, contenant seule mon sonnet-dédicace, la mention « faite par les soins de l’auteur » : en effet, Vanier a depuis deux ans une autorisation d’un tirage de ce livre, qu’il remet indéfiniment pour m’ennuyer et faute d’argent. Je tiens à sortir de cette impasse, comme Dujardin m’a aidé à le faire pour le Faune en prenant les devants... 11 faudrait faire quelque chose de très joli dans l’espace de deux ou trois mois. » Le 25 mars 1888, Mallarmé récrivait à Émile Verhaeren : « Que devient votre ami et un peu le mien, Monsieur Deman ? Un rêveur, à notre fréquentation, sans doute. Veuillez, cher ami, aussitôt que vous le verrez, lui dire de ma part que, pour le Poe au moins, il ne perde pas une minute, attendu que Vanier se remue, ou fait mine : il a dit à quelqu’un qu’après tout, il fallait songer à publier Mallarmé, et que c’était bouder contre son ventre qu’agir autrement. Or comme il ne procède jamais que par coups sournois, le mieux est de se tenir sur ses gardes : son édition dérisoirement chère et manquant de goût comme tout ce qu’il fait seul, ne peut être que lamentable et, pour ce motif, je ne reconnais pour la mienne que celle de Bruxelles, ainsi que je l’annonce dans toutes mes notices bibliographiques, mais il faut nous assurer la priorité. » (Lettre publiée dans l’ouvrage de Mme E. Noulet : l’Œuvre poétique de Stéphane Mallarmé, p. 509. Librairie E. Droz, Paris, 1940.) Cette édition tirée luxueusement à 850 exemplaires sur Japon et sur Hollande, fut publiée assez rapidement. Mallarmé en corri-