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enfin le jour dans la Renaissance artistique et littéraire que venait de fonder le poëte Émile Blémont, tant soit peu anglicisant. Ce furent : A Hélène, Annabel Lee (n° du 29 juin 1872, pp. 78-79); Pour Annie, Eulalie (n° du 20 juillet 1872, p. 102); Les Cloches, Silence (n° du 17 août 1872, pp. 13 3-134); Ulalume (n° du 5 octobre 1872, p. 191); Ballade nuptiale (n° du 19 octobre 1872, p. 207); c’est-à-dire huit des vingt Poëmes proprement dits que devait contenir le recueil qui parut quinze ans plus tard. En 1875, Catulle Mendès fonde la République des Lettres qui, dès son premier numéro, donnait des poëmes en prose de Mallarmé, déjà publiés ou inédits. Sous le titre général de PŒt/vre poétique d’Edgar Poe, on y voyait paraître, en quatre fois, du 6 août 1876 au 27 mars 1877 : La Vallée de l’inquiétude, la Cité en la mer, la Dormeuse (6 août 1876); Le Palais banté, A Hélène (3 septembre 1876); Le Ver conquérant, XJlalume (12 novembre 1876); Terre de songe (25 mars 1877); dans les traductions de Mallarmé, toutes inédites, à l’exception de A Hélène et de Clalume, déjà parues dans la Renaissance. Un peu auparavant, la République des Lettres, dans son numéro du 20 mars 1876, avait donné une traduction anonyme de quelques-uns des Marginalia d’Edgar Poe, précédée d’une note signée Cjatulle] Mfendès], Cette traduction que certains — dont Swin-burne — crurent un moment de Stéphane Mallarmé, était à vrai dire d’Augusta Holmes. Mais à cette époque, Mallarmé avait donné deux autres preuves de sa ferveur poesque, l’un sous la forme du sonnet, devenu justement célèbre, le Tombeau d’Edgar Poe, écrit à l’occasion de l’érection du monument à Baltimore en octobre 1875, et qui ne parut qu’en 1877 dans The Edgar Poe Baltimore Memorial Volume ; l’autre sous la forme d’une édition monumentale de sa traduction du Raven avec des illustrations d’Édouard Manet. Cette édition qui comportait le texte anglais et la version française parut en un in-folio chez Richard Lesclide, à Paris, en 1875. Richard Lesclide était, à ce moment, l’éditeur de la République des Lettres. A voir le peu de hâte apportée par Mallarmé, depuis 1862, à publier ses traductions des poésies d’Edgar Poe, on peut s’étonner qu’il s’y soit décidé pour un des poëmes que Baudelaire avait précisément traduit avant lui. Il faut plutôt penser que Manet fut l’instigateur de cette publication et que les dessins à l’encre de Chine que ce poëme lui inspira en furent la raison décisive. Nous avons pu retrouver dans les lettres de Manet à Mallarmé quelques indications relatives à cette collaboration et même au désir que le peintre et le poëte curent de la voir se renouveler. Tout d’abord, une carte postale, inédite, timbrée du 27 mai 1875,