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P. 81. LES LOISIRS DE LA POSEE La première partie du reeueil des l'ers de Circonstance était formée des quatrains où Mallarmé se divertissait à inclure l’adresse de ses correspondants. Il s’adonna longtemps à ce jeu et lui accordait meme assez de prix pour en avoir reproduit quelques effets, le 15 décembre 1894, sous le titre Adresses ou les Loisirs de la Poste, dans une revue américaine Tbe Chap Book, et avoir envisagé d’en faire l’objet d'une plaquette plus développée, illustrée d’ornements dessinés par Mrs James Me Neil \X histler, la femme du peintre. Il avait, en vue de cette plaquette, écrit une Préface où il développait quelque peu le petit « avertissement » mis en tétc de la publication du Chap Book. Cette Préface qui devait être signée ; « les Éditeurs », se lisait ainsi ; « Cette petite publication, tout à l'honneur de la Poste. Aueunc des adresses en vers collationnées iei n’a manqué son destinataire. « Puis elle aidera à l’initiative de personnes qui pour leur eompte voudraient s’adonner au même jeu. « Avec zèle nous avons remis la main peu à peu sur l’ensemble de ccs poëmes spéciaux et brefs que l’auteur espéra perdus. M. Stéphane Mallarmé en autorise l’impression, mentionnant que l’idée lui vint à cause d’un rapport évident entre le format ordinaire des enveloppes et la disposition d’un quatrain et qu’il fit cela par pur sentiment esthétique. « Aussi rien n’a été épargné pour la présentation de ces riens préeieux. On y trouve, avec l’amusement propre à un poète, le joyau typographique parisien du goût le plus rare. » La brusque mort du poëte suspendit ee projet qui ne fut repris, un peu différemment, que vingt ans plus tard, par ses héritiers, « Dans les I ers de Circonstance, a dit avec justesse Jean Royère, je vois comme le pouls de sa vie quotidienne... » « Ce ne sont pas des vers eréés pour donner vie à de simples possibilités. Il s’agit souvent de tracer un portrait en quelques touches, toujours d’associer du fortuit à de l’humain. La grâee de Mallarmé s'y multiplie : sa tendresse, sa malice, sa gaieté et sa mélancolie y prononcent de voluptueuses spirales. Mais, en complexité eomme en ironie, ces vers égalent les morceaux classés. Menus bibelots, tout au plus bijoux d’étagère, ils exhibent une ingéniosité d'autant plus rare qu’elle a moins de jeu... A vrai dire, tout ce que Mallarmé a écrit mérite le qualificatif d’œuvres de circonstance. » {.Mallarmé, 1 vol., Messein éd., Paris, 1931, p, 144 et sq.) . Ces « quatrains d’adresses » avaient été classés par les premiers éditeurs d’après la qualité des correspondants : écrivains, peintres, musiciens, etc..., sans que cc groupement fût signalé plus précise tuent : nous l’avons fait ici, pour plus de clarté et pour inviter le lecteur à quelques relais au cours d’une lecture qui, faite d'affilée,