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Quoi ! de tout ce coucher, pas même un cher lambeau Ne reste, il est minuit, dans la main du poète Excepté qu’un trésor trop folâtre de tête > rerse sa lueur diffuse sans flambeau ! La tienne, si toujours frivole ! c'est la tienne, Seul gage qui des soirs évanouis retienne Un peu de désolé combat en t'en coiffant Avec grâce, quand sur les coussins tu la poses Comme un casque guerrier d’impératrice enfant Dont pour te figurer, il tomberait des roses. Dans Empreintes (janvier 1949) a paru un état de ce sonnet qui ne présente avec le texte des Hommes d’aujourd’hui que deux ou trois variantes peu importantes : Vers 11 : ... en /’en coiffant Vers 12 : ... sur des coussins tu la poses. Vers 14 : Pas de virgule après figurer. Le manuscrit autographe de cet état appartenait à M. Paul Van der Perre. Un manuscrit appartenant à Mlle Ch. Lcbey présente ces variantes-ci qui semblent d’une version antérieure : Vers 2 : Soupirs de sang, or meurtrier, extase, fête ! Vers 3 : Une millième fois sur l'horizon s’apprête... Vers 9 : ... La tienne, si toujours petite ! c’est la tienne, Vers 10 : Seul gage qui des cieux évanouis retienne... L’édition de 1887, à quelques détails de ponctuation près, ne montre avec la version définitive que deux minimes variantes : Vers 11 : ... en Ven coiffant Vers 12 : ... sur ces coussins tu la poses. Verlaine, avant de citer cette pièce, l’annonce ainsi : « un sonnet tout récent, fleur et bijou » : il n’est donc pas hasardeux d’indiquer l’année 1885 comme étant celle de sa composition. En empruntant la version des Hommes d'Aujourd’hui de Paul Verlaine, M. Edmond Bonniot ajoutait dans son article sur « la Genèse poétique de Mallarmé » ( Revue de Erance, 15 avril 1929) : « Ce sonnet apparaît comme une réplique, vue en miroir, avec vingt ans de profondeur, du Pitre châtié. L’obsession féminine a perdu son despotisme. Le héros a vidé la coupc-philtre de Tristan ou d’Hernani; mais il n'en meurt pas : il est repris tout entier par la nostalgie de l’Art pur, sa raison d’être, encore que, malgré l’impuissance vaincue, la désespérance lui fasse apercevoir son tombeau. « La femme aimée qui n’est plus une rivale de l’art, se présente au contraire comme un relais, comme un havre de grâce : trésor trop folâtre ou présomptueux de tête. Le poète qui jadis se posait