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Sur l’album, dont le texte est identique, figure la suscription « pour Mademoiselle Thérèse Roumanille ». Ce poëme fut publié, par les soins de M. Albert Mockel, dans le numéro de septembre-décembre 1892 de la revue la Wallonie. D’une lettre qu’adressa, à ce sujet, M. Albert Mockel, le 22 décembre 1958 à G.-Jean Aubry nous détachons ceci : « Ma petite revue, la Wallonie, avait publié, inédit, le sonnet inspiré à Mallarmé par Mlle Téréson Roumanille : ce qui fut rappelé à un déjeuner où j’eus le plaisir d’être le voisin de table de celle-ci chez Jean Ajalbert à la Malmaison. Elle était toute jeune, mais déjà veuve de Jules Boissière. Le lendemain, dans la matinée, comme nous parcourions ensemble le parc du château, elle me pria de lui dire des vers dans ce beau décor... Ma charmante compagne insistant, je finis par lui réciter le sonnet que Mallarmé avait écrit pour elle : mais me refusai à sa demande d’entendre de mes propres vers. Le lendemain j’eus quelque remords d’avoir montré ma raideur presque impolie à l’égard d’une aimable jeune femme et je lui envoyai en Avignon le sonnet ci-joint dont le premier quatrain s’inspire de la petite pièce de Mallarmé. Cela me valut la copie authentique du texte de celle-ci inscrit dans son album et strictement conforme au texte de la Wallonie. » SONNET Tout à coup et comme par jeu Mademoiselle qui voulûtes... Stéphane Mallarmé. à Mme Boissière née Téréson Roumanille. A vous, Madame, qui voulûtes, Ce matin ivre de soleil, Ouïr sur mes fragiles flûtes Un écho du Chant non pareil, J'apporte une légère page Qui tremble encore au vent amer, Flocon d'écume sur la plage Déserte des voix de la mer. Le songe est l’éternel empire Où par le verbe qu’il expire Règne Stéphane Mallarmé. Mais à vous les roses de mai, A vous dont le si jeune rire Surprit le poëte charmé. Albert Mockel.