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26 octobre 1873), Émile Blémont consacra tout un article au Tombeau de Théophile Gautier, mais ne fit que citer le titre de la contribution de Mallarmé qui, avec celle de Victor Hugo, domine souverainement la belle anthologie. Ce poëme forma ensuite, à lui seul, le VIIe Cahier des Poésies dans l’édition photo-lithographiée de la Revue Indépendante (1887). L’auteur n’y apporta que peu de corrections : au 13e vers qui était : jusqu'à l’heure dernière et vile de la cendre. Au 35e : Rose et Lys pour rose et lis Au 36e : ... rien qui demeure, non ?... pour : ...lien qui demeure. Non ? Au 37e : ô vous tous, oubliez... pour : O vous tous ! oubliez... Et la suppression d’un blanc après : ... et le rayon du jour. On peut rapprocher la fin de ce poëme de deux vers de Victor Hugo dans une pièce de 1’. innée Terrible qui venait de paraître : Superbe, tu luttais contre tout ce qui nuit Ta clarté grandissante engloutissait la nuit {Mai. « L’Année Terrible », éd. originale, p. 250, Michel Lévy, 1872.) Tcodor de Wyzewa dans ses Notes sur Mallarmé {la Vogue. Paris, 1886) donnait de ce poëme, ce commentaire : « Un noble poëte est mort. Des regrets ? Mais qu’est ce, la mort d’un homme, sinon la disparition en nous d’un rêve ? Les hommes que nous croyons réels, ils sont la triste opacité de leurs spectres futurs. Une ombre seulement s’efface, lorsqu’ils s’en vont. Cependant le poëte pour nous, vit, outre la vaine existence corporelle, une vie plus haute impérissable. Le poëte est une agitation solennelle de paroles; la mort du poëte épure et avive notre fiction de lui, seule réelle. » M. Camille Soula, professeur à la Faculté de Médecine de Toulouse a public un travail particulier sur ce poëme de Mallarmé, sous la forme d’une plaquette de 30 pages : La Poésie et la Pensée de Stéphane Mallarmé. — Notes sur le Toast funèbre (Édouard Cham pion, éditeur, Paris, 1929) où l’on trouve une analyse minutieuse de l’ouvrage que M. Soula désigne comme étant « probablement le poëme le plus paisible de Stéphane Mallarmé. » L’auteur y donne une vue d'ensemble du caractère du poëme puis son commentaire vers par vers. « Si le doute torturant est le lot habituel du génie, dit M. Soula, la contemplation de la mort, sujet de toutes angoisses humaines, suscite la sérénité dans l’àme du poëte... » « ... Si meurt un homme, tout de lui meurt. Du poëte seul se survit quelque chose en les paroles qu’il a gravées. Elles enrichiront l’univers des sensations de ses plus nobles parures. Le poëte continue à se mêler à la vie par le verbe qu'il proféra dans sa fureur