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petit in-40, un dessin hors-texte, un fleuron et un cul-de-lampe, dans le texte, sera de M. Édouard Manet, qui a déjà illustré cet été, une version donnée par le même poëte du Rare» d’E. Poe. Toutes ccs gravures sur bois tirées à deux teintes, rose et noir : imitation des procédés japonais tentée pour la première fois en Europe. Cette plaquette qui demeurera rare, étant faite en très petit nombre, intéresse la littérature, moins peut-être à cause des détails techniques et spéciaux dits tout à l’heure que pour le fait que c’est la littérature et la plus haute, la poésie, qu’on a jugé l’appoint nécessaire de tout ce luxe : ce qui n’aurait pas eu lieu en France, il y a quelques années. » A Swinburne, le 10 mai 1876, en lui envoyant le poëme, il écrivait : « Acceptez (je ne dis pas en échange, mais au moins, pour tout le luxe spécialement parisien dont il a plu à un éditeur de me demander de l’orner) un petit poëme, trop annoncé sur la couverture de la République des Retires : l’Après-Midi d’un Faune ; ce rien a le don d’exaspérer la presse française en ce moment, j’ignore pourquoi et le veux voir cependant dormir dans les bibliothèques amies. L’exemplaire à votre nom que je n’ose confier à la poste (tant il est rendu fragile par ccs matériaux précieux) est entre les mains de mon ami John Payne, qui saura vous le faire parvenir prudemment. » En 1884, dans A Rebours (p. 262) J.-K. Huysmans rappela « cet extraordinaire poëme » et « cette minuscule plaquette » d’un si parfait raffinement. Cette même année, une édition in-32, qui ne parut jamais, en fut annoncée aux pages des Taches d’Encre. L’explication s’en trouve dans une lettre inédite de Léo d’Orfer à Stéphane Mallarmé, qui avait exprimé son étonnement d’une édition projetée à son insu. « Mon cher Maître, « M. Tréban, le nouveau directeur de la Librairie Européenne, me communique la lettre que vous avez bien voulu lui écrire. « Voici l’explication de l’annonce que vous avez probablement trouvée dans les Taches d’Encre que nous éditons pour M. Barrés et que je vous ai adressées moi-même. « Au temps où je portai l’uniforme des fantassins à l’ombre des drapeaux de la République, vous avez bien voulu me céder l'Après-Midi d’un Faune pour la mettre en tête du Permesse que je croyais pouvoir publier en ce moment. « Je vous ai même parlé d’un tirage à part et vous avez accédé à ce désir tout naturel de la part d’un épris de vos oeuvres tel que moi. Je vous ai offert de vous donner un certain nombre d’exemplaires sur papier de luxe, — comme droits d’auteur, las ! — et vous avez bienveillamment accepté. Je me rappelle même que je vous ai parlé d’un dessin — celui de Manet — à remettre en tête et vous n’avez pas voulu y consentir.