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Français. Quelqu’un d’autre avait pu parler de Mallarmé à Constant Coquelin, c’était Albert Glatigny qui l’avait rencontré à Vichy, l’année précédente, lorsque Glatigny arrivait tout justement de Tournon où il avait passé plusieurs semaines avec le ménage Mallarmé. L’association des noms de Coquelin et de Mallarmé, et le terme « monologue » ont donné à croire à certains que Mallarmé songea alors à écrire un monologue du genre de ceux qui firent plus tard la fortune de Coquelin cadet. Il est vrai que Coquelin cadet récita bien, quelquefois, du Villiers de l’Isle-Adam. Le monologue que Banville et Coquelin aîné envisageaient, comme Mallarmé, était une scène poétique à un ou plusieurs personnages, et comportant un seul récitant. C’est exactement sous cette forme que se présente, comme on le verra ci-après, la première version du 'Faune avec ses indications précises de jeux de scène. C’était, dans l’esprit de Mallarmé, à cette époque, un ouvrage on ne peut plus scénique. Plein d’espoir, il partit durant l’été 1865 de Tournon pour Paris où il alla porter son manuscrit à Banville et à Coquelin : mais peu après son retour à Tournon, il mettait Théodore Aubanel au courant de l’échec de sa tentative : « Les vers de mon Faune ont plu infiniment, mais de Banville et Coquelin n’y ont pas rencontré l’anecdote nécessaire que demande le public et m’ont affirmé que cela n’intéresserait que les poètes. J’abandonne mon sujet pendant quelques mois dans un tiroir pour le refaire plus librement plus tard. » Ce devait être sous la forme suivante que, en 1865, se présentait le Faune, tel qu’il apparaît sur une copie autographe'remise, dix ans plus tard, par l’auteur, à Philippe Burty avec cette dédicace : « Copié pour le tyrannique Burty par Stéphane Mallarmé. » Ce manuscrit passa ensuite entre les mains du compositeur Ernest Chausson. C’est sur la photographie du manuscrit que nous copions ces vers. MONOLOGUE D’UN FAUNE UN FAUNE assis laisse de l’un et de l’autre de scs bras s’enfuir deux nymphes. Il se lève. J'avais îles Nymphes ! Est-ce un songe ? Non : le clair Rubis des seins, levés embrase encore l'air Immobile Respirant : et je bois les soupirs. Frappant du pied :