Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1442

Cette page n’a pas encore été corrigée

même, mais qui ne parut que sept mois après sa mort. Des scrupules extrêmes avaient probablement dicté la suppression de cette pièce, dans une édition relativement courante. Elle figure dans l’édition actuelle des Poésies {Nouvelle Revue Française, 1913) et dans les diverses éditions à tirage limité qui ont paru depuis lors, conformément au texte de l’édition de 1887. Dans son édition des Œuvres Poétiques complètes de Paul T ’er-laine, s. d. (1938), p. 896, M. Yves-Gérard le Dantcc rapproche le dernier vers de la pièce Les Coquillages, des Fêtes Galantes, de ce poëme de Mallarmé; rapprochement des plus justifiés; mais il ajoute : « Cette allusion très voilée a peut-être influencé Mallarmé lorsqu’il composa le sonnet : \Jne négresse par le démon secouée. » Cette influence n’a pu, en tout cas, s’exercer qu’en sens inverse : les Fêtes Galantes n’ayant paru qu’en 1869, et aucune des pièces qui composent ce recueil n’en ayant été publiée en revue avant 1867. Il n’est pas improbable que Verlaine ait lu, avant cette date, le Nouveau Parnasse Satyrique dont le ton n’était ni pour le repousser ni pour lui déplaire, et qu’il se soit souvenu, un peu plus tard, du poëme de Mallarmé (qui, au reste, n’est pas un sonnet). Pour une fois l’érudition de Léon Deffoux et Pierre Dufay fut prise en défaut, qui, dans le tome second, p. 9, de Y Anthologie du Pastiche (G. Crès, Paris, 1926) donna à entendre que « cette pièce n’a pu être écrite par Mallarmé ». P. 32. LES FENÊTRES (Londres, mai 1863.) Cette pièce date de l’époque du séjour du poëte à Londres. Dans une lettre, datée de cette ville, le 3 juin 1863, Mallarmé dit venir d’écrire les Fenêtres ; il envoie son poëme à H. Cazalis qui, de Strasbourg, le 4 juin suivant, lui répond : « Tes vers m’ont ravi : d’abord les anciens qui ont aussi fait l’admiration des quelques amis rares que j’ai découverts en cette sotte ville : puis les Fenêtres : vraiment, mon cher Stéphane, cette dernière poésie est quasi un chef-d’œuvre. » Quelques semaines plus tard, Mallarmé adressait à Cazalis ces lignes qui semblent une paraphrase partielle du poëme : « Le soleil de Londres n’est pas ce gai soleil de Paris qui fait éclore le long des boulevards toute une verdure charmante de tables à bière et verse la gaieté dans sa lumière. Ici les rayons semblent avoir pris quelque chose de blafard aux pauvres murs d’hôpital où ils se sont endormis et dont ils ont chauffé le plâtre malade. L’air malsain se charge de toutes les exhalaisons de la misère que la lourde chaleur putréfie, et, pour les pauvres, l’été n’est que la saison où la vermine, attiédie, grouille le plus dans leurs loques. » Ici bas est maître (vers 1 de la str. 9). Dans une lettre à IL Cazalis, le 3 juin 1863, S. Mallarmé écrit : « Oui, ici-bas a une odeur de