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rique | du dix-neuvième siècle | suivi d’un | Appendice au Parnasse Satyrique. | Eleutberopolis | Aux devantures des Librairies. | Ailleurs | dans leurs arrière-boutiques | AIDCCCLXÏ'7. | p. 146. Mallarmé avait donné à ce poëme le titre Limage grotesque, comme en témoigne un manuscrit (collection René Gaffé, de Bruxelles) sur lequel figure ce titre qu’une main étrangère a barré et remplacé par celui de Les lèvres roses qui n’a jamais dû être dans les intentions du poëte et qu’il n’a pas maintenu par la suite. L’écriture de ce manuscrit, l’examen du papier et de l’encre, donnent à penser qu’il fut composé, ou tout au moins achevé, à Tournon, en 1864, ou au début de 1865. Une date plus précise pourrait nous en être fournie par ce passage d’une lettre d’Eugène Lefébure à Mallarmé, du 14 novembre 1864, et dans laquelle il dit : « Votre poëme parisien (et défendu) m’en a donné la sensation : j’y ai retrouvé votre vers à vous, votre poésie serrée et profonde, qui creuse autour de soi tout un monde. J’aime donc votre poëme, parce qu’il est de vous et malgré le sujet. » D’autre part, dans une lettre à Henri Cazalis, datée « jeudi soir » et qui ne peut être que de « janvier 1865 », il fait allusion à des vers intitulés Tableaux obscènes qu’il a adressés à Armand Renaud. Ce passage semble indiquer deux poëmes, dont l’un doit être celui-ci, et dont l’autre nous demeure inconnu. Sur le manuscrit, Mallarmé n’avait signé que de ses initiales : une main étrangère a ajouté « allarmé » : cette adjonction semble bien être de la même écriture que le titre les Lèvres roses. D’autre part on peut lire à l’Appendice (Nouveau Parnasse Satyrique, p. 231) cette déclaration de l’éditeur : « Pour la composition du Nouveau Parnasse Satyrique, nous avons suivi les errements de l’éditeur du Parnasse Satyrique du XIXe siècle : notre recueil a été fait sur le même plan que le sien. « En un point seulement nous n’avons pas cru devoir l’imiter. Il lui a plu de dissimuler quantité de noms d’auteurs, — et nous, au contraire, n’avons voulu en céler aucun, à quelque degré que ce fût. « ... Les signatures nous ont semblé d’autant plus essentielles à des libertinages condamnables et damnables que nous avons un goût déterminé de la responsabilité, — pour les autres... » Le titre imposé à cette pièce pourrait donc bien être de l’éditeur en question qui n’était autre que Poulet-Malassis, comme on le sait par sa lettre du 30 novembre 1866 à Philippe Burty, dans laquelle il dit : « Ce n’est pas moi qui ai édité le Nouveau Parnasse Satyrique, mais je peux dire, avec ou sans pudeur, que j’en ai fait le travail pour un éditeur marron. » (Cité dans Autour de Baudelaire par Pierre Dufay « Au cabinet du Livre », Paris, 1931.) L’instrument, et peut-être l’inspirateur de cette collaboration de Mallarmé au Nouveau Parnasse Satyrique dut être Albert Glatigny, avec lequel Mallarmé était lié d’amitié depuis le début de 1862.