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auparavant, encore qu’on puisse s’étonner que cet hommage à une blonde ait été adresse à la brune Nina Gaillard, Douze ans plus tard, Mallarmé, dans la Dernière Mode écrivait : « Rien ne vaudra jamais un éventail, riche tant qu’on voudra par sa monture, ou même très simple, mais présentant, avant tout, une valeur idéale. Laquelle ? celle d’une peinture : ancienne, de l’école de Boucher, de Wattcau, et peut-être par ces maîtres. » (Première livraison, 6 septembre 1874.) Ce sonnet a trouvé des interprètes de choix dans la personne de Claude Debussy et Maurice Ravel qui l’ont, l’uq et l’autre, mis en musique : le premier, en 1915, pour chant et piano (Durand, éd., Paris, 1913), le second la même année, dans son recueil des Trois poëmes de Stéphane Mallarmé pour chant, piano, quatuor, deux flûtes, deux clarinettes (Durand éd., Paris, 1913). P. 31. LE PITRE CHÂTIÉ (Tournon, mars 1864.) Au cours d’un article sur « la Genèse poétique de Stéphane Mallarmé » (Revue de France, 15 avril 1929), le gendre du poète, le docteur Edmond Bonniot, publia de ce sonnet un premier ctat inédit, fort différent de celui qui parut pour la première fois dans l’édition photo-lithographiée des Poésies (Revue Indépendante, 1887) et qui n’a subi depuis lors aucune modification; voici ce premier état : Pour ses yeux, — pour nager dans ces lacs, dont les quais Sont plantés de beaux cils qu’un matin bleu pénètre, J’ai, Muse, — moi, ton pitre, — enjambé la fenêtre Et fui notre baraque où fument tes quinquets. Et d’herbes enivré, j’ai plongé comme un traître Dans ces lacs défendus, et, quand tu m’appelais, Baigné mes membres nus dans l’oncle aux blancs galets, Oubliant mon habit de pitre au tronc d’un hêtre. Ee soleil du matin séchait mon corps nouveau Et je sentais fraîchir loin de ta tyrannie Ea neige des glaciers dans ma chair assainie, Ne sachant pas, hélas ! quand s’en allait sur l’eau Ee suif de mes cheveux et le fard de ma peau, Muse, que cette crasse était tout le génie ! M. Edmond Bonniot y ajoutait cc commentaire : « La version initiale montre d’une manière tout à fait explicite qu’il s’agit des yeux de la bien-aimée : Pour ses yeux, alors que dans la version définitive le mot yeux, complètement privé de contexte, jaillit