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... marche avec l'or qu'on voit Luire à travers les doigts de tes mains mal fermées 1 ous les biens de ce monde en grappes parfumées Pendent sur ton chemin... 11 y a peut-être aussi dans « la cueillaison d’un rêve... » comme un rappel de : Tout bonheur que la main n'atteint pas n'est qu’un rêve du sonnet Lèves ambitieux de Joséphin Soulary, pour lequel Mallarmé alors avait une admiration affectueuse, inspirée peut-être de celle de Baudelaire pour ce poëte lyonnais. Si telles sont bien l’origine et la destination de cette pièce, il est assez naturel qu’en 1866, le poëte l’ait considérée comme d’un caractère trop « feuillet d’album » pour la rendre publique dans Le Parnasse Contemporain. Il ne s’y serait résolu qu’apres la mort, survenue en 1873, de la dédicatairc de ce « portrait ». Nous ne connaissons jusqu’à présent aucun manuscrit de ce poëme; et, de 1884 à 1898, dans les trois recueils où cette pièce figure (édition photo-lithographique de 1887, Vers et Prose, et édition Deman), l’auteur ne lui apporta d’autre variante que quelques changements de ponctuation. Dès sa publication, ce poëme attira l’attention d’un lecteur de marque qui n’était autre que Claude-Achille Debussy, à l’aurore de sa carrière. La Bibliothèque du Congrès à Washington possède, en effet, le manuscrit d’une mélodie de jeunesse de Claude Debussy sur ce poëme de Mallarmé. La mélodie est datée : « Ville d’Avray. 8. 2. 84 », ce qui témoigne que Debussy n’attendit meme pas la publication du volume de Verlaine, mais connut ce poëme par le numéro de Lutèce. Il ne serait pas impossible que l’attention du compositeur eût été attirée sur cette pièce par Paul Bourget, dont on sait qu’il admirait alors Mallarmé et dont Debussy, vers la même époque, mettait en musique plusieurs poëmes. Mallarmé ignora assurément cette interprétation et dans sa Bibliographie (1898) nota seulement : « Apparition tenta les musiciens, entre qui MM. Bailly et André Rossignol, qui y adaptèrent des notes délicieuses. » En 1913, alors qu’il mit en musique trois autres poëmes de Mallarmé, Claude Debussy esquissa une nouvelle interprétation d’Apparition, qu’il ne poussa pas plus avant. P. 30. PLACET FUTILE (Sens, 1862. — Paris, 1887.) Ce sonnet, premier des poëmes qu’ait publiés Mallarmé, et où paraît une grâce précieuse qui rapproche un instant son auteur de Théodore de Banville, figura d’abord, sous le simple titre de Placet et sous une forme assez différente, dans le numéro du 25 février 1862 du Papillon.Noid quelle était cette première version :