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comme une rêverie. D’une chevelure qui a fait naître en mon cerveau l’idée d’un drapeau; mon cœur, pris d’une ardeur militaire, s’élance à travers d’affreux paysages et va assiéger le château-fort de l’espérance pour y planter cet étendard d’or fin. Mais l’insensé, après ce court moment de folie, aperçoit l’Espérancc qui n’est qu’une sorte de spectre voilé et stérile. » Henri Cazalis ne trouva pas ce poëme à son goût : il répondit : « Cette dernière poésie (les Pénétrés) est quasi un chef-d’œuvre; P Assaut au contraire est quasi détestable : ton commentaire n’a pu me l’expliquer : effacc-la, ou rcfais-la; mais prends garde à ces fumées bleues qui n’ont de reflet souvent que dans la chambre où elles sont nées, et en sortant de tes lèvres. » (Lettre du 14 juin 1863.) 11 est probable que la désapprobation de ce poëme par un ami dont il goûtait alors pleinement le caractère et le jugement convainquit Stéphane Mallarmé de le conserver par devers lui, avec peut-être l’espoir, toujours remis, de le reprendre quelque jour. Trois ans plus tard pourtant, après avoir reçu la livraison du Parnasse Contemporain qui contenait les poèmes de Mallarmé, Théodore Aubanel lui écrivait : « J’ai regretté de ne pas trouver là le Château de l’Espérance. Je l’ai regretté beaucoup. » (Lettre du 26 mai 1866), ce qui témoigne que Mallarmé avait continué à donner connaissance de cc poëme à ses meilleurs amis, bien après sa composition. Le titre, le Château de l’Espérancc s’inspira peut-être de celui d’un des poèmes de Théophile Gautier, le Château du Souvenir, que Mallarmé put lire dans l’exemplaire (acheté lors de sa publication cette meme année 1863) des Poésies nouvelles... Émaux et Camées, Théâtre... Poésies diverses (Paris, Charpentier, 1863) exemplaire qui, revêtu de la signature « Stéphane Mallarmé », figure dans la bibliothèque du poète à Valvins. Mallarmé ne renonça pas, d’abord, à publier le Château de P Espérance ; on en a la preuve dans un petit cahier fait par ses soins, et aujourd’hui dans la collection Henri Mondor : il contient les pièces suivantes manuscrites : Les Fenêtres (Frontispice). 1. Le Guignon. IL Les Fleurs. III. A une putain. IV. Mon âme vers ton front... V. L’Azur. VL a) Vcrc Novo. h) Tristesse d’Eté. VIL A un mendiant. VIII. Le Château de l’Espérancc. IX. Le Pitre Châtié. X. Le Sonneur. Las d’un amer repos... (Épilogue).