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INTRODUCTION Nous ne possédons assurément pas tout ce que Stéphane Mallarmé écrivit, en vers ou en prose, pendant les dernières années de son enfance et les premières de sa jeunesse. Au cours de la quarantaine, et faisant à Paul Verlaine confidence de ses débuts, il disait : « J’ai traversé bien des pensions et lycées, d’âme lamartinienne avec un secret désir de remplacer, un jour, Béranger, parce que je l’avais rencontré dans une maison amie. Il parait que c’était trop compliqué pour être mis à exécution, mais j’ai longtemps essayé dans cent petits cahiers de vers qui m’ont toujours été confisqués, si j’ai bonne mémoire. » De cette production enfantine, nous n’avons que de très rares témoignages, œuvres plutôt scolaires, que nous donnons ici à titre de documents et pour marquer, en quelque sorte, le point de départ banal de cette œuvre exceptionnelle. Nous n’y avons, toutefois, pas fait figurer divers travaux d’un caractère par trop enfantin : l'Ange gardien, daté du 20 septembre 1854 (Mallarmé avait alors douze ans) et naguère reproduit dans le Manuscrit Autographe (mai-juin 1926); Pépita et Mélancolie (1859). On les lira plus loin, à titre documentaire. A la dix-neuvième année commence, non la délivrance du poète, mais ses tentatives d’évasion : et ses essais méritent l’attention, même quand ils témoignent d’un extrême baudelairisme. Nous ne les possédons pas tous non plus. Nous savons, avec certitude, que deux pièces nous manquent, auxquelles, en 1862, — mais elles devaient dater d’une année auparavant — fait allusion une lettre que lui adressait, le 9 avril, son ami Eugène Lefébure : « Il y a une éternité que je n’ai lu de vos vers et encore je n’en ai pas tant lu. Je ne connais que le Rondeau des Six Phi lis et la charmante petite pièce de l'Enfant à la Rose : Des pas sur les pierres sonnèrent : Un pauvre passait dans ce lieu, Or les blancs lilas s’inclinèrent Ut les oiseaux des bois chantèrent, Le pauvre étant l’ami de Dieu. Strophe qui ne fait pas regretter la perte d'une pièce qui devait remonter à une époque prc-baudelairienne de l’cvolution du jeune poëte. Une lettre d’Emmanuel des Essarts à Mallarmé, du 7 avril 1864