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la lance et le chien, mais elle refusa de les lui céder autrement qu’en retour de son amour. Céphale lui donna cet amour, et découvrit immédiatement qu’il avait devant lui sa première femme, Procris. Craignant encore la jalousie d’Éos, Procris dans la chasse se tenait près de Céphale, mais la lance de celui-ci la transperça, cachée par un fourré. Le prince, navré de cette mort, quitta Athènes et aida Amphitryon à débarrasser ses terres de bêtes nuisibles : puis, voyageant à l’Ouest, il tomba dans la mer. Origine de cette histoire. Elle est issue de trois simples phrases, dont l’une disait « le soleil aime la rosée », tandis que la seconde dit « le matin aime le soleil »;la troisième ajoutait que « le soleil est la mort de la rosée ». Un détail nous le prouve : on appelle Procris l’enfant d’Hersé. mot qui, même en grec, signifie « rosée »; et le nom de Procris lui-même vient d’un mot grec signifiant « scintiller ». Éos, encore, est la déesse de l’Est ou du matin; et Céphale, un mot qui veut dire la « tête » du soleil. Poursuivons et traduisons. Comme le soleil regarde de grand matin la rosée. Céphale de même gagne l'amour de Procris en sa première jeunesse : cependant l’amour de l’aurore pour le soleil se change en la jalousie qu’Eos ressent de Procris. Mais chaque goutte de rosée réfléchit le soleil ; on disait pour cela de Procris qu’elle accorda son amour à Céphale, restant à travers son changement toujours le même. Elle meurt de la lance d’Artémis qui représente les rayons du soleil quand il gagne de la force et sèche la rosée. Céphale donne cette mort involontairement, tandis que la jeune femme s’attarde dans un fourré (lieu où la rosée persiste longtemps), juste comme Phoïbos ou Phiebus perd Daphné, et comme Orphée est séparé d’Eurydice. Toujours, ayant tué son épousée, Céphale doit voyager à l’occident, comme Héraclès, Persée et d’autres héros. Comme eux il peine pour les autres; et, comme eux. meurt, au loin, dans l’Ouest, après sa tâche accomplie. ORPHÉE, MYTHE GREC ET LATIN (Grec : Orpheus.} Orphée passe pour fils du fleuve Eagre et de la muse Calliope. Son histoire est des plus belles. Ce mythe brillant gagna l’amour de la belle Eurydice, qui mourut bientôt après de la morsure d’un serpent. Orphée, malheureux de cette perte, n’eut plus le cœur d’éveiller sur sa lyre d’or la musique qui faisait que bêtes, arbres et hommes le