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l’origine du mythe d’Athéné. Sa fonction primitive fut d’éveiller les hommes de leur sommeil : de là, à côté du hibou, le coq, l’oiseau du matin, qui lui est consacré. Athéné est aussi la déesse de la sagesse. Car dans les anciennes langues de l’Inde le mot qui signifie « s’éveiller » désigne encore « savoir »; et l’on prit la déesse qui faisait s’éveiller les hommes, pour la déesse qui fait que les hommes savent quelque chose. Variantes à la légende d’Athéné : selon quelques-uns, elle est l’enfant, non de Zeus, mais du géant ailé Pallas, ou de Poséidon, ou de Héphaistos. Tandis que plusieurs parlent d’elle enfin comme de celle qui est toujours vierge, d’autres disent qu’Apollon est son fils. Cela vient toujours de source antique : Apollon, parce qu’il suit l’aurore, peut être appelé le fils d’Athéné; mais si on le considère en tant que s’élançant de la nuit, il est le fils de Léto (appelée à tort, en français, d’après le latin exclusivement : Latone). Athéné vis-à-vis de Zeus se tient généralement sur le pied d’une harmonie et d’une soumission parfaites. Comme chez Héré, il y a des interruptions dans cette attitude : la déesse prit part à la conspiration de Héré précisément et de Poséidon, pour détrôner ou emprisonner Zeus ; et elle aida Prométhée à voler au ciel le feu, contre la volonté du dieu souverain ; par suite d’un amour passionné qu’elle éprouva pourProméthée, disent les uns; tandis qu’on la dépeint le plus souvent insensible à pareil sentiment. Tout le long de VIliade, Athéné apparaît comme la déesse qui connaît le plus profondément l’esprit de Zeus, et comme le guide et l’aide d’Achille, d’Odyssée (l’Ulysse latin) et d’autres héros. Les légendes qui la montrent agissant selon des motifs indignes ou mauvais sont rares; mais, dans le conte de Pandore, elle prit part au complot dont le résultat est d’accroître la misère des hommes. Une cité porte le nom de cette déesse, Athènes, que l’on dit avoir été nommée d’après Athéné, quand celle-ci produisit l’olivier : don meilleur pour l’homme que le cheval créé par Poséidon, qui désirait que la cité s’appelât Poséi-donia. Athéné est représentée comme une beauté aux yeux brillants ou Glaukopis, ayant sur son égide ou manteau la face de la Gorgone Méduse, qui changeait en pierre tous ceux qui y portaient les yeux. Sa figure sereine se trouve reproduite devant le temple célèbre qui lui fut dédié, le Par-thénon, situé sur l’Acropole d’Athènes. Cette statue colossale fut faite d’or et d’ivoire par le grand sculpteur Phidias, ami de Périclès, qui vécut au cinquième siècle avant Jésus-Christ. Minerve. — Athéné n’était point connue des Romains et des Latins sous ce nom, mais la déesse Minerve lui