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AVANT-PROPOS DE L’ÉDITEUR DE 1880 A littérature française ne possède, à l’exception de dictionnaires d'une lecture toujours difficile, aucun travail mythologique disposé comme un livre, avec lien et sur un plan d’ensemble. Quel répertoire intact et riche offrent, cependant, les documents accumulés depuis le commencement du siècle par des savants dont les noms viennent en foule à la pensée : Niebuhr, Grimm, Moir, Walker, H. H. Wilson, Cornwall, Kuhn, Preller, Lewis, Grote. Thirlwall, à l’étranger; et chez nous, Bréal, Baudry et Louis Ménard ! Les recherches de ces maîtres ont renouvelé, absolument, l'ancienne Mythologie; la génération actuelle sait même que, depuis ses années de collège, les personnages galants de la fable ont été transformés en phénomènes naturels. L'absence de tout Traité, contemporain et définitif vient de ce que les ouvrages composés selon la routine n’osent depuis longtemps se produire. Constatons, d’un autre côté, une hésitation pareille, dans l'apparition d’un recueil résumant les connaissances modernes. Telle était justement notre pensée, quand M. Mallarmé, professeur d’un des Lycées de Paris, en quête d’ouvrages scientifiques accessibles à la Jeunesse, nous parla avec admiration d’un petit livre anglais, inconnu encore en France et qu’une étude récente faite par lui des œuvres de l’illustre George Cox l’avait amené à feuilleter et à lire. — Un manuel, renfermé dans quelques centaines de pages, qui résume les travaux, parus ou préparés, du savant, impatient de faire jouir du fruit de ses recherches quelques enfants aimés. — Alors qu'existe une œuvre excellente, fallait-il en tenter une autre à côté, qui manquerait certainement de quelques-unes des qualités de l’original ? Non. Pourquoi ne pas rendre au savant anglais qui est, pour la Mythologie, ce qu’est son compatriote Grote pour l’Histoire antique, un hommage dû, en traduisant son œuvre appelée à un succès universel? Il n’y a point de rivalités devant la science. Impossible, même dans un travail de traduction, que la présence de l’esprit français ne se fasse remarquer. L’ordonnance toute différente des matières, avec des raccords nombreux et nécessaires, jette une véritable clarté sur l’ouvrage presque métamorphosé.