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CONCLUSION et Résumé : Qu’est-ce que l’Anglais; car cette interrogation, faite au début du tome, revient à la fin. Si l’on rappelle ses souvenirs autant que mille réflexions attendant, pour converger en l’esprit, que tout fût dit, cette réponse se présente comme la plus générale : L’Anglais est un idiome composite. Développement spécial de l’Anglo-Saxon, au milieu de l’affluence et aussi de l’influence subites des Mots de langue d’Oil, puis retrempe, dans notre Latin paternel, d’une portion notable de ces mots et emprunt direct fait à ce parler défunt, avec des habitudes françaises, de presque le reste de son vocabulaire ainsi parfois qu’au Grec : telle, outre maint don accepté de tous les langages possibles, la formation de l’Anglais étudiée enfin. Naturel, factice et naturel à la fois, factice, il est tout (car le fait du Scandinave introduit par deux fois, ou du vieux Celte, ou de la double couche classique de la Conquête Romaine et des Missions chrétiennes, oblige à unir l’un et l’autre de ces qualificatifs) : comme encore ou artificiel et instinctif, ou savant et populaire, cela dans des combinaisons aussi nombreuses que celles de la rose des vents, sud-sud-ouest, est-nord-est, etc. Les yeux un instant fermés à trop de complexité et de distinctions pour trouver place, non seulement aux pages d’un Traité élémentaire, mais dans les quelques phrases qui le finissent, laissez se produire chez vous la synthèse de toutes les lois, les règles et les observations en composant comme le dessin principal. Que le plan de l’ouvrage, simplement, revienne dans sa netteté. Ce parler contemporain, l’Anglais, offre une fatale et merveilleuse alliance du germe barbare, d’où naquit le monde moderne, avec le leg antique, qui en a fait l’éducation. Toute statistique (bien faite pour les traités du Style) n’apparaît en Philologie que comme illustration d’un dire entre beaucoup : elle ne tranche rien de façon générale et décisive. Sans tenir compte de variations orthographiques légères au cours de sa moderne histoire, il faudrait, l’Anglais simplement analysé en tant que matériaux linguistiques depuis Chaucer jusqu’à maintenant, montrer plusieurs nobles échantillons de ce qu’il est, ainsi qu’il s’offre à une étude patiente : et profiter de cette occasion pour le soumettre à quelque calcul. A quoi bon ne point dire tout de