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LIVRE TROISIÈME: Élément dit Classique et Élément étranger de l’Anglais CHAPITRE PREMIER Elément dit Classique. § i. Mots faits ou refaits. Quelque intérêt que présente l’étude achevée à l’instant, le Lecteur attentif ne se trouve point satisfait : Que de cas variés ! peut-être; mais à coup sûr : Mainte lacune! Bien d’autres Mots que les précédents, trouvés à chaque ligne d’un morceau Anglais de prose ou de poésie, semblaient procéder de notre Langue; moins intimes et aussi moins détériorés. Quelque chose de Latin même, quoique francisé; ou de Français, quoique latinisé, lequel ? les deux à la fois : et rien de plus exact, malgré ce vague, que cette impression. Le Chapitre où vous arrivez (peut-être la plus subtile des trois investigations l’une après l’autre portées dans le Vocabulaire Anglais, l’une relativement au fonds Saxon et l’autre à l’importation Française) comportera, employé qu’il est à démontrer la falsification classique, les dires les plus absolus. Pareille question sur quoi semble un peu à dessein amasser de la brume et des ombres l’admirable Philologie anglaise de ces dernières années, doit être résolue ou soulevée : en France. La traiter entièrement, certes, serait long (parce que seul je m’en avise, non sans péril et sans craindre que le sujet s’évanouisse à ma vue) tant la recherche en est par instant très peu sûre! Quand un Mot Anglais semble procéder du Latin, pourquoi gardc-t-il plus que son rival français le caractère de la langue mère de la nôtre ? Une réponse presque indéniable s’impose à votre discernement, portant juste plus que loin, intense et peu extensive; c’est : parce que le Français se trouvant, au moment de l’importation en Angleterre de scs vocables, beaucoup plus rapproché des origines latines que maintenant, des Mots versés par lui alors dans le courant Anglais, stationnaires depuis et comme étrangers, n’y ont point bougé; tandis que, chez nous, ils ont suivi tous les développements successifs du Français, oubliant leur provenance