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autres qui ont duré chez nous ou ne subissent pas de modification attribuable à la désuétude de leur orthographe et de leur prononciation (en extraire quelques Lois d’ensemble, c’était y trouver tout ce qui intéresse la pensée). Ces Lois, que l’on possède à présent, ne régissent-elles point aussi les Vieux Mots? Si, forcément : et à l’exception de nombre de réfractaires apparus comme toujours, une lecture des Tables a prouvé ce fait à l’esprit curieux. Quelques additions, cependant, aux remarques primitives s’imposent presque d’elles-mêmes : S, avec une consonne, au commencement des mots, prend un E initial, comme spécial, qui devient especial, cela fort rarement ; le contraire, par une bizarrerie, ayant lieu presque à tout coup, dans scarce, d’eschars, square, d’esquar, scourge, d’escourgie, et store, d’estore, stray, d’estrayer, stress, d’estroyser, etc., etc., où c’est l’E qui tombe devant SC et ST (et non point SC et ST qui s’accroissent de l’E). Je poursuis : W, initial, vient une fois ou deux de GU, comme dans to waste, de guaster; mais préexista aussi en français. T égale C, dans to jaunt, de jancer, vieux, comme dans to taunt, de tancer, nouveau. L de haultin ne disparaît point sans céder sa place au GH de haugthy, et ce GH viendrait fort gratuitement s’accoter à 1’1 de déliter en delight, sans le renforcement par lui apporté à la pénultième du verbe dont choit la finale (ainsi que pour to eschew, d’eschever, to encroacii, d’encrouer, to prowl, de proveler, cas familiers tous). Towell, de touaille, brawn, de braion, to muster, de monstrer, parisii, de paroche, fitchew, de fisseau, présentent des permutations neuves, exceptionnellement, oui; mais étranges, non. To stress, d’estroyer, et to furl, de fardeler : abréviations des plus osées; et dans to gabble, to grudge, to guzzle, de gaber, groucher et (des)gouziller, il y a assimilation à des aspects anglais. Tous les grades militaires, empruntés plus tard par l’ennemi à nos armées, ou conservent leur vieille orthographe, ex. sergeant, gorporal; ou s’abrègent (ainsi que cela se fait dans les commandements à haute voix), colonel se prononçant « curnel »; lieutenant, «leftenant ». Trêve de détails. Qui n’éprouverait autre chose qu’un charme délicat à proférer sciemment, au cours d’une récitation à haute voix ou d’une conversation en Anglais, des paroles séparées de lui par un nombre de siècles important, aurait déjà tiré quelque bénéfice de la lecture de la première moitié de chaque Table; la seconde n’est pas, cependant, dénuée d’intérêt, vous montrant, dans tel son anglais, mieux que la transformation pure et simple d’un son français d’aujourd’hui qui paraît y correspondre : à savoir la permanence ou l’équivalence d’un son intermédiaire, c’est-à-dire ancien.