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puisque ces mots, rebelles souvent aux changements réguliers de syllabes entre le Français et l’Anglais que signalent les deux paragraphes antérieurs, en arrivent, par fantaisie, à s’affubler des propres formes de l’Anglais, auxquelles ils n’ont aucun droit : oui, mais travail intéressant et qui implique parfois une vraie réussite. Préfère-t-on l’opération contraire. Elle a lieu, celle où l’Anglais va jusqu’à renoncer à ses us et à son génie; et torture tout ce qu’il possède d’orthographes diverses, pour aboutir à ce point : conserver à nos mots leur phvsionomie étrangère. Les mots que voici restent, en effet, différents de presque toutes les analogies anglaises; et se montrent, au milieu d’un morceau, tous français de son : aiglet (mieux qu’AGLET), aiguillette, AGUE, AIGU, TO ANNOY, ENNUYER, CHIMNEY, CHEMINÉE, choir (pr. coyeur), chœur, claret, bordeaux, un vin clairet, CLOVE, CLOU, CRAPE, CRÊPE, CRISSET, CREUSET, CUE, QUEUE, CURLEW, CORLIEU, COPPERAS, COUPEROSE, CINOUE-FOIL, CINQ-FEUILLE, ENMITY, INIMITIÉ, HABILIMF.NT, HABILLEMENT, KERSEY, CORISET, l'étoffe, MINSTREL, MÉNÉTRIER, NURTURE, NOURRITURE ORMOLU, OR MOULU, PANSY, PENSÉE, PARLIAMENT, PARLEMENT, PATTEN. PATIN (ou SClbot'), PATTY, PÂTÉ, PLOVER, PLUVIER, PORCUPINE, PORC-ÉPIC, POVERTY, PAUVRETÉ, TO PULE, PIAULER, puny, puisné, purtenance, ce qui appartient, malgré TO pertain, appartenir, portcullis, porte-coulisse, posy, devise, de poésie, recoil, recul, roan, couleur rouan, shagreen, peau de CHAGRIN, sonce, sauce, savei.oy, cervelas, SEXTON, SACRISTAIN, SKIRMISH, ESCARMOUCHE, SOMER-sault, d’où somerset, qui paraît bien indigène, soubresaut, TAPESTRY. TAPISSERIE, TENNIS, TENEZ, (ail jeu), TIMBREL, tambourin, usher, huissier (etc., etc.). Quiconque prononcera même par jeu, ces vocables qui semblent ne plus nous appartenir et n’avoir jamais appartenu à l’Anglais, s’arrêtera plus d’une fois, touché par cette intention pieuse de conserver, grâce à quelque moyen que ce soit, habiles ou maladroits, nos mots gênés par le devoir étrange de parler une autre langue que la leur. N’allez pas plus loin, de crainte de pécher par trop de perspicacité ; et reconnaissez que furbelow, falbalas, daffodils, d’asphodèles, pour asphodèles, sampfiire, pour herbe de saint Pierre, jessamine, pour jasmin, représentent autant d’aberrations : à première vue. Que d’autres cas ! une fausse analogie a lieu même d’un mot français à l’autre : on a trace, pourquoi ne pas y assimiler masse (d’huissier) qui fera mace ? lenient gratifiera de son T final de participe présent ancient; to flounge, c’est froncer. Ou le contraire : quand un de nos vocables s’est fait là-bas un lit, d’autres y viennent, même dissemblables; voyez foil, fleuret, de refouler, foil, clinquant, de feuille de métal, imiter