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formation parallèle, des matériaux semblables. La même pensée moderne de simplification, qui dépouillait de ses dernières inflexions l’Anglo-Saxon prêt à devenir l’Anglais du Roi, en faisait autant et presque à même date pour le dialecte à Paris vainqueur, celui d’Ile-de-France. Visible partout, un esprit unanime présida au développement des langues contemporaines; elles portent, toutes, cette trace : telle régularisation (plutôt que leur complication) affectant un groupe de mots demeurés au pays, n’a pas négligé entièrement les mêmes mots en exil. Que d’infractions à cette donnée, subtile peut-être pour plusieurs et délicate : point spécieuse! Sans son aide on ne peut cependant expliquer tant d’évolutions dans l’orthographe ou le parler, analogues ici et là; qui, isolément, aboutissent d’un passé commun à un présent conforme. Non que la généralité même de cette explication tende à vous faire omettre aucun des mille faits observés par vous bientôt d’une langue à l’autre; mais des constatations, tout exactes et multiples qu’on les fasse, doivent rattacher l’infinité de leur détail à quelque point de vue principal; il est abstrait ou creux sans elles, qui sont vaines et éparses sans lui. Telle est la thèse. CHAPITRE PREMIER Lois de Permutation. § i. Cas révélés par le corps des mots ainsi que PAR LES TERMINAISONS. Le changement devait d’abord porter sur les sons français que ne possède pas l’Anglais, au nombre desquels la voyelle u, telle que nous la prononçons, occupe la première place. U, lorsque cette lettre n’adopte pas purement et simplement une intonation anglaise, comme dans dît, qui fait due (pr. diou), devient EW; ex. mu(er), to mew, vue, view, etc. : orthographe déjà présentée par le mot Saxon d’origine, new, nouveau. (Le son vocal UT devient OY (pr. oï) dans to annoy, d’ennuyer, certes; mais il se trouve que, contrairement, angoisse donne anguisii). 01, ne fait pas El, comme on serait tenté de le croire d’abord : car il sera montré plus loin que certains mots anglais, en El ou AI, viennent de vieux vocables français, ainsi écrits; il devient OY (pr. toujours oï) comme dans joy, joie, OO, comme dans to choose, de choisir, et même EA, comme dans pea, de pois, prenant mille formes pour éviter notre diphthongue si française à laquelle l’Anglais