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Pourquoi ces sourcils levés en déprécation du présent — ce pathos par rapport au passé ? Si l’art est rare aujourd’hui, il n’eut jusque maintenant lieu que par intervalles. C’est faux d’enseigner qu’il y a décadence.

Le maître demeure hors de toute relation avec le moment où il se hasarde — un monument de solitude qui induit à la tristesse, n’ayant pas de part aux progrès des hommes ses semblables.

Il n’est, aussi, pas plus le produit de la civilisation, que ne dépend la vérité scientifique affirmée, de la sagesse d’une époque. Cette affirmation requiert l’homme pour la faire. La vérité fut dès le commencement.

Ainsi l’art se limite à l’infini, et y commençant ne peut progresser.

Une tacite indication de son indépendance chagrine rejetant toute avance étrangère, est dans sa condition d’absolue immutabilité et son mode d’accomplissement depuis le commencement du monde.

Le peintre n’a que le même crayon, le sculpteur le ciseau des siècles.

Les couleurs ne sont pas en progrès depuis que fut tiré pour la première fois le lourd rideau de la nuit, et que se révéla l’adorabilité de la lumière.

Ni chimiste ni ingénieur ne peuvent fournir de nouveaux éléments du chef-d’œuvre.